Un rire provocateur [terminé]

Personne, hors mis moi, n'avait bougé, Kiji était resté stoïque, figé dans une rage qu'il peinait à contenir, l'épouvantail n'avait pas remué un sil - puisqu'il en était dépourvu - se contentant de regarder son pokémon atrophié subir mes éclairs les uns après les autres mais plus j'attaquais, plus j'étais persuadé que ce n'était pas ce que je voulais faire...
_ Finis le Motisma.
Kiji avait un ton sec et abrupt en rien comparable à ceux que je lui avais connus jusqu'alors, je me tournais vers lui et son regard était noir, presque cruel tellement il était en colère.

Voyant que je ne réagissais pas, il se tourna vers moi et me vit, tout sauf souriant lui faire non de la tête avec un regard peiné et alors il sembla changer son fusil d’épaule, ses bras guindés s’affaissèrent, sa bouche s'écarquilla légèrement, il passa sa main dans ses cheveux tandis qu'il réalisait enfin là où il avait mis les pieds.
Son adversaire se mit à rire, heureux d'avoir créé le doute et l'emportement chez celui qui se ventait d'être le plus vertueux et le plus droit des deux mais ça eut juste poru effet de faire sortir le dresseur de son état second.
_ Tu as raison Motisma : si je laisse mes émotions prendre le dessus, si j'oublie pourquoi je me bat cette chose aura autant gagné que si elle nous avait mis KO...
Il sera à nouveau le poing mais cette fois c'était pour prouver sa détermination, et même si il avait toujours autant envie d'en finir ses intentions avaient changées et son esprit était plus clair : c'était là ce que j'attendais de lui.
_ Si il tient à rester immobile on va en finir à coup d'Ondes de Choc Motisma ; peut-être que ça libérera les pokémons hypnotisés...
Je me retournais donc, face à mon ennemi alambiqué qui avait toujours la tête en bas et je lançais une nouvelle série de chocs électriques qui avaient plus pour but la précision que la force ou la capacité paralysante, en choisissant cette action Kiji avait sans doute dans l'idée d'essayer d'en finir rapidement et donc ne voulait pas laisser de place à l'échec.

Spoiler:

C'en était finis, le pokémon eau, les bras agités de quelques spasmes et convulsions était tombé au sol, vaincu, et ça ne semblait pas convenir du tout à notre ennemi l'épouvantail qui montrait toujours autant les dents même si ce n'était plus pour sourire mais plutôt pour les faire grincer dans des éclats de rage. D'un pas pressé il s'approcha de son pokémon vaincu qui tourna alors son œil vers lui, j'avais l'impression qu'il savait ce qui allait lui arriver. Son dresseur arma son bras et, d'un geste sec, plongea sa main décharnée dans sa poitrine avant d'en sortir son cœur encore ( presque ) frais et le porta à sa sa bouche pour lui donner un coup de langue, une langue noire comme la nuit et étonnement longue et fine. Kiji serra à nouveau le point outré par cette action plus qu'il n'en était écœuré, mais le fait qu'il n'en dise mot avait tout de même dut lui soulever un peu l'estomac.
Visiblement ravi d'avoir en face de lui une telle réaction, le monstre retrouva son sourire et il jeta l'organe sans vie dans la cheminée éteinte qui se raviva instantanément, le consumant d'une nouvelle explosion de feu bleuté.

Il ria à nouveau avant de pointer un de ses index anguleux vers la statue de Machopeur avant que l'un de nous ait eut la possibilité de faire quoi que ce soit, et celle ci vola en éclat, projetant de morceaux de pokémons pétrifié dans toute la pièce. Par réflexe, Kiji et mois fermions nos paupières une seconde, et dès que nous les eûmes rouverts nous retrouvions cette sensation désagréable mais familière que nous avions connue quand nous avions été transportés jusque dans cette pièce morne et triste.
_ Attention Motisma, on sait pas où on va atterrir !
J'avoue qu'en solitaire ça aurait sans doute été une expérience des plus désagréables mais là, accompagné, j'avais le cœur plus léger et, avant même que nos yeux ne se soient réhabitués au décor je sentis une première goutte me tomber sur le haut de la tête, puis une autre, et encore une autre, et une détonation, celle d'un éclair qui fendait le ciel nocturne, nous avions retrouvé tous nos sens et nous distinguions clairement un majestueux château juste devant nous, encerclé par quelques arbres ça où là, regroupés en des bosquets plus ou moins denses.
_ Et dire que je venais à peine de sécher...
Cette simple phrase me surpris et me fit juste rire, en une telle situation, c'était une réaction imprévisible mais des plus agréable qui me vidait la tête et m'allégeait le cœur.

Pas pas le temps de perdre mon sérieux plus longtemps car nous n'en avions pas terminé avec cet ennemi qui ricanait à nouveau dans notre dos; l'un comme l'autre nous nous retournions, prêt à tout même si notre imagination ne nous permettait pas de deviner ce qui nous attendait.
L'épouvantail tenait une pokéball dans chaque main, chose étrange car jusqu'alors il n'en avait pas fait usage, que ce soit pour invoquer ou pour évoquer ses deux pokémons, et ce fut Kiji qui comprit le premier.
Il porta le regard et les mains à sa ceinture pour constater l’absence de deux de ses compagnons. Comprenant que son adversaire avait saisis le fin mot de l'histoire l'homme décharné eut un rire joueur et fit disparaitre les deux sphères au creux de ses paumes avec un petit tour de passe-passe avant de se remettre à courir.
_ Attends !
Et mon ami s'élança à sa poursuite quelques secondes avant moi. Je l'entendais maugréer, réalisant que c'était déjà le cas pour Metamorph, et il se sentis pousser des ailes, pressant la cadence et bondissant vers l'épouvantail pour essayer de le plaquer au sol en criant.
Aucun doute : il ne voulait pas le laisser s'échapper...

Spoiler:

Malgré la pluie battante, malgré le tonnerre qui grondait toujours, la course poursuite se poursuivait jusque dans les bois même. La forêt était sombre, et ce n’était pas seulement le fait de la nuit j'avais l'impression, l'homme après qui nous courions riait toujours même si il avait laissé son timbre impérial et menaçant dans le château - ou tout du moins dans la pièce d'où nous venions - l'abandonnant pour un rire plus jovial qui en semblait cependant pas attirer la sympathie de Kiji, continuant à le suivre, et qui avait même finit par essayer de le frapper pour terminer sa course le nez dans la gadoue, une branche morte dans ses cheveux blanc ( à l'origine ) qui avaient finis par se détacher complètement. Ses vêtements, déjà déchirés pendant sa lutte contre les tentacules, étaient maintenant totalement trempés : il ne devait pas avoir chaud.

Le regard courroucé d'avoir raté son action, il s'était retourné à nouveau vers sa cible qui, toujours riant, avait repris son chemin ; je décidais d'intervenir.
Peut-être cette "chose" n'avait elle qu'envie de jouer, mais le fait était qu'elle avait fait preuve d'une cruauté sans pareil envers les pokémons jusqu'à maintenant, et je comprenais un peu les craintes de Kiji envers ceux qui lui avaient été dérobés puisqu'on en avait du mal à fixer une mesure à la folie de l'épouvantail.
Plus rapide que de simples humains, j'arrivais finalement à m'interposer, faisant barrage en plein milieu du chemin de l'olibrius qui s'arrêta dans sa course. Kiji, sur ses talons, s'arrêta aussi, et plutôt que de retenter une épreuve de force, il essayas une manière moins agressive :
_ Ça suffit maintenant ! Je ne trouve pas ça drôle !
Rends moi mes pokémons... TOUS mes pokémons, y compris celui que tu as hypnotisé tout à l'heure !
Et après explique moi ce que tu fait ici... Et où on est aussi...

Spoiler:

Je baillais à m'en décrocher la mâchoire, ironie du sort pour quelqu'un qui n'a pas le moindre os n'est-ce pas, avant d'ouvrir timidement les yeux en piaffant. c'était le chant des oiseaux qui m'avait réveillé et j'avais une sensation étrange qui, plus je devenais lucide, plus elle devenait persistante, comme si il me manquait tout un pan de ma mémoire...
Je me souvenais bien du début de notre soirée de la veille, le combat au centre pokémon, le rire qui avait fendu la nuit, la forêt et la poursuite de Kecleon, la grotte et ce froussard de Spirit, mais après c'était le trou noir, et ce jusqu'à mon réveil de ce matin...

Enfin ce matin... Je pensais que c'était le matin à en juger par le soleil qui perçait timidement au travers de la cime des arbres et qui plongeait la limite de la clairière dans laquelle nous semblions avoir dormis d'une douce chaleur. Je me retournais, j'avais visiblement dormis blottis contre Kiji, avec son sac pour tout oreiller et qui tenait fermement dans chacune de ses mains une pokéball, celle de Rosélia et de Baudrive si je les reconnaissaient bien, et de l'autre côté, lui aussi lové contre mon dresseur il y avait Motisma...
Comment il était arrivé là, pourquoi il y était, je n'en avais pas la moindre idée, sans doute qu'il s'était passé quelque chose pendant cette absence dans mes souvenirs mais 'javais beau y réfléchir encore et encore, hors mis me donner la migraine il n'y avait aucun résultat...
Dévisageant mon humain, je me dis qu'il aurait sans doute fallut le laisser dormi tout son saoul, mais la curiosité était trop forte et, tapotant doucement son visage pour le faire sortir de ses songes je finis par réussir à le faire émerger.
Il se redressa doucement pour s'assoir et son mouvement réveilla du même coup le pokémon spectre, l'un baillait, l'autre se frottait les yeux du revers de sa main et, subitement, comme si ils réalisaient de concert qu'ils ne devaient pas dormis, ils se tournèrent l'un vers l'autre, se questionnant du regard sans dire un mot. Je trouvais ça étrange, et je me sentais mis à l'écart pour le coup...

Kiji regarda les deux balls dans ses mains et, comme pour s'assurer de quelque chose, il fit sortir les deux pokémons qui y étaient enfermés. Eux aussi étaient visiblement en train de sortir d'un profond sommeil et, après que leur dresseur ai fait un rapide bilan comprenant un tour complet des deux quidam et quelques questions louches auxquelles ils en semblaient rien comprendre de mieux que moi, intrigué, l'humain passa sa main derrière sa tête.
- Qu'est ce qui s'est passé après qu'on lui ait couru après ?..
Je haussais les épaules mais visiblement, là encore, c'était plus à Motisma que semblait dirigée cette question sans que je comprenne pourquoi, et le petit pokémon fit non de la tête pour dire que pour lui aussi c'était le vide...
_ Laissez tomber, on va rentrer au centre : cette histoire sera peut-être plus clair après un bon repas...
Il en fallait pas plus de mots pour me faire oublier ce léger incident et c'est ravi que je grimpais sur l'épaule de mon dresseur qui m'y aidais après avoir fait rentrer ses deux autres pokémons dans leurs pokéballs et il dit finalement :
_ Motisma ! Tu viens avec nous bien sur ?..
La question aurait put sembler anodine dite comme ça, mais elle ne semblait pas simplement concerné un repas mais bien un voyage plus long, comme celui que nous avions déjà tous entamés avec lui, un voyage vers les arènes, vers l'aventure et parfois le danger ; Kiji sortait d'ailleurs une pokéball vide de son sac qu'il fit grossir d'une simple pression de son sac, elle était posée là, dans sa main ouvert, sur sa paume tendue, à attendre la réaction du pokémon électrique...

Spoiler: