Act I, Scene 2 - Premières difficultés [Terminé]

J'aimais ma Wattouat, et pourtant, je l'avais volée. Enfin je l'ai pas tant volée que ça, je lui ai quand même demandé son avis, et elle a accepté de continuer l'aventure avec moi. En même temps, si elle avait refusé, je me serais posée des questions sur sa santé mentale. Le gamin que j'avais battu la traitait comme de la merde. En tous les cas, elle n'avait vraiment pas apprécié les moqueries de Maria, si bien qu'elle se jeta littéralement sur le Psykokwak, endolori par le choc. Il avait beau envoyer un jet d'eau sur ma moutonne, cela semblait n'avoir aucun effet. Elle rigolait moins, cette pétasse ! Et de toute manière, elle n'allait pas vivre beaucoup plus longtemps. Me manquer de respect, c'est insulter mon père, ma mère, ma sœur, mes amis, mon honneur. Et pour ça, elle allait crever. Mais d'abord, je voulais qu'elle ressente la honte de la défaite et de la remise en question. Le canard jaune allait bientôt s'évanouir, il était temps d'en finir.
"Allez Lux, ferme-lui définitivement la gueule en attaquant  Plaquage !"

Enfin ! Lux venait de se jeter sur le Psykokwak, qui tomba au sol. Je me sentais.. puissante. Ma moutonne aussi, visiblement. Elle bêla en sautillant sur place, fière d'elle. Quant à Maria, elle s'agenouilla et attrapa le canard jaune, me lançant un regard méprisant et me laissant bien comprendre qu'elle voulait me tuer. Seulement voilà, j'allais le faire avant elle, mais avant ça, je voulais qu'elle subisse le poids de la défaite. Je lui répondis par un regard hautain et victorieux. Qu'est-ce que t'allais faire, maintenant, hein ? Je m'agenouillais et caressais vigoureusement Lux. Théoriquement, il restait un Pokémon à Maria, du moins je devinais, parce qu'il y avait une troisième PokéBall accrochée à sa ceinture. Peut-être qu'elle ne voulais plus se battre, ou qu'elle avait décidé de passer à l'action. Peu importait, elle allait crever. Je rappelais Lux dans sa PokéBall, et me retrouvai face à elle, seule à seule.
"Tu sais pourquoi j'ai passé plusieurs années à écouter des jérémiades ? Parce que j'aime te voir souffrir. Voir une erreur de la nature comme toi chialer me provoque une jouissance inégalée."
"Je me demande ce qui me retient de te coller une balle dans la bouche.."
"Peut-être parce que je vais te tuer en premier. Tu as été formée par le Parrain, mais il ne t'a pas formée contre tes pseudo-amis."
Ma main caressait mon arme à feu. J'étais prête à la dégainer et tirer. Je devais tirer une et une seule balle, peu importait où, mais je n'avais pas le droit de la louper. Non, pas une fille comme elle. J'allais la saigner.
"Détrompe-toi, il m'a formée contre tout ce qui était susceptible de s'approcher de moi, y compris toi."
"J'espère que tu rejoindras très vite ta pute de mère.
Là, c'en était trop. Je poussai un grognement plein de colère et sortis mon arme. J'ai tiré. Mais j'ai entendu un autre coup de feu.. Elle avait tiré aussi.

L'instant dura une éternité. Les deux coups de feu, venant de part et d'autre de l'entrée de la grotte, résonnèrent en même temps dans mes oreilles. Un éclair traversa mon épaule et je sentis un liquide, à la fois chaud et froid, gicler sur mon visage, jusqu'à mes lèvres. Propulsée en arrière, mon dos frappa le mur de pierre derrière moi. Le souffle complètement coupé, je dus lutter pour ne pas perdre connaissance. Une violente nausée me saisit, causée par la douleur de la balle de plomb qui était ressortie de mon corps. J'humectai mes lèvres asséchées et je sentis un goût de fer sur ma langue. Je repris petit à petit mes esprits, malgré cette douleur. Je tournai la tête vers le trou aspergé de sang quand je fus prise de violents vertiges. Ma main valide lâcha mon arme et fouilla dans la bourse accrochée à ma ceinture. J'ouvris péniblement mes PokéBall et mes trois amis en sortirent. Lux et Élise semblaient éprouvés, mais malgré tout, elles s'approchèrent de moi, visiblement inquiètes. Quant à Warwick, il émergea de son sommeil et, encore à moitié endormi, ouvrit grand ses ailes autour de moi, comme une camisole pour me protéger. Leur présence me rassurait, je n'étais pas seule. Ils étaient mes amis. Soudain, je sursautai en pensant à ce qui s'était passé avant le choc. Qu'en était-il de Maria ? Je me relevai tant bien que mal et constatai les dégâts. Je crois que depuis ma carrière de tueuse à gages, je n'ai jamais réussi à tirer une balle aussi parfaitement. Du sang et quelques morceaux de cervelles avaient giclé partout, jusqu'au mur derrière elle. Ses yeux écarquillés me regardaient avec une expression de vide. Bordel, c'était vraiment dégueulasse.. Il y en avait vraiment partout. Son sac était tombé par terre, avec divers objets et ses PokéBall. Je me baissais pour le ramasser, grimaçant à cause de cette foutue douleur. Par réflexe, je posai ma main sur mon épaule, avant de la retirer, pleine de sang. Il fallait faire soigner ça.. Je devais retourner au Centre Pokémon, à l'extérieur de la grotte. En même temps, j'en profiterais pour que mes amis se reposent aussi. Le sac de Maria sur mon épaule valide, mes Pokémon à m'emboîtant le pas, j'entrai dans le bâtiment. L'infirmière étouffa un cri en me voyant et se précipita pour m'aider, tandis que son Leveinard prit mes amis en charge. Bien évidemment, il fallait recoudre, mais bon, j'en étais pas à mon coup d'essai.. La jeune femme insista pour que je passe la nuit ici. Ça valait mieux, de toute façon le ciel s'assombrissait, et mes Pokémon devaient se reposer. En attendant, je fis l'inventaire de ce que j'avais récupéré.
Le lendemain matin, malgré les points qui me tiraillaient la peau de l'épaule, nous partîmes. A l'entrée de la grotte, je passai très rapidement, sans regarder si le cadavre de Maria était toujours là. Des sortes de petits lacs amélioraient un peu le paysage entièrement de roc. Mais alors que je regardais autour de moi pour trouver mon chemin, un Pokémon me stoppa net, m'interdisant de continuer.

Dans le sac de Maria, tout était pété. Les PokéBall étaient toutes cassées en plusieurs morceaux, un peu comme son cerveau, et les bouteilles de potions étaient aplaties et vides, comme elle maintenant. En fait, son sac reflétait son image actuelle. Quelle poésie.. Seulement voilà, une et une seule Ball est restée intacte, et quelque chose en sortit, le seul et unique Pokémon qu'il lui restait : la feuille ambulante ! Le Germignon était le seul rescapé de la tuerie, et il me barrait la route, l'air visiblement contrarié. Il me défiait du regard, prêt à venger sa maîtresse. Moi qui voulais le lui piquer, le voilà qui s'offrait à moi. Il me restait plus qu'à le dégommer et l'attraper, mais avant, je voulais qu'il comprenne ce que cette fille m'a fait.
"Tu sais, ta maîtresse que tu essayes de venger, c'était pas une sainte."
Il avait l'air de s'en foutre, comme s'il le savait. De toute manière, il allait continuer sa route avec moi. J'envoyai mon fidèle compagnon sur le terrain, revigoré par la nuit de sommeil et de soins au Centre Pokémon. Warwick était en pleine forme, on allait rapidement en finir pour continuer. Et même si le Germignon utilisait son attaque Siffl'Herbe, j'avais tout prévu. Non, cette fois, la situation était à mon avantage, et j'allais bien en profiter.
"Allez Warwick, attaque Crocs Feu !"

Quand je voyais le Germignon se faire mordre par Warwick, j'avais l'impression de nous voir, Maria et moi quand on était toutes petites. Il nous arrivait souvent de nous disputer, comme tous les amis, ça peut arriver. Mais elle, elle avait une façon bien particulière d'exprimer son mécontentement. Une fois, elle m'avait brûlé les cheveux, comme mon Ptéra était en train de faire avec la feuille ambulante. Malgré tout, je lui en avais jamais voulu, d'autant plus qu'à la disparition de ma mère, elle était là. C'est ce que je croyais, du moins. En réalité, je ne savais pas vraiment pourquoi elle feignait l'amitié avec moi, mais une chose était sûre : les rôle s'étaient inversés. La force, c'était moi. Et même si le Germignon luttait vaillamment contre Warwick, la fin était proche.
"Continue, enchaîne les attaques Crocs Feu !"

Et voilà. Warwick termina le travail et mordant violemment le Germignon, qui s'écroula au sol, incapable de continuer le combat. Je brisai la PokéBall de Maria et en jetai une nouvelle, histoire de marquer le coup. Étant donné qu'il était totalement affaibli, il n'allait pas résister longtemps. Finalement, je récupérais la Ball et continuai ma route. Depuis quelques minutes, ça sentait la mort. Le cadavre de Maria commençait à sérieusement empester, quelqu'un allait finir par donner l'alerte rapidement. Je devais sortir d'ici, et le plus vite possible. Il fallait au moins que j'atteigne la ville d'Ecorcia, j'y avais des tas de choses importantes à faire : communiquer avec mon père, enquêter, et abattre une cible. J'avais aussi des objectifs secondaires, comme m'occuper de mes amis, et gagner la confiance de ma nouvelle recrue, même si ça n'allait pas être chose facile. J'avais quand même tué sa maîtresse, mais voilà, j'avais une bonne raison de le faire. Je traversais les passages rocailleux le plus vite que je pouvais, mais plus j'avançais, plus j'entendais un bruit, semblable à un voix masculine, s'accentuer. Bordel, si quelqu'un me voyait, c'était sûr, j'allais me faire griller.. Ou pas. Il me suffisait de me faire discrète, ou peut-être que c'était quelqu'un qui n'en avait strictement rien à cirer.. Aucune idée, mais de toute façon, j'allais devoir le croiser. Le voilà. C'était une homme plutôt commun, aux environs de la quarantaine. Un peu grisonnant et les traits durs, ça lui donnait un air sévère. Je tentais de feindre l'innocence, mais c'était peine perdue. Le gars avait posé son regard sur moi, et il me fixait, avec insistance. Qu'est-ce qu'il me voulait..? Oh bordel, il s'approchait de moi, la démarche assurée.
"Mademoiselle, pardonnez ma hardiesse, mais je vous trouve absolument magnifique."
Ah, c'était juste ça ? Je le détaillais un peu plus en détail. Il était beau gosse, en fait ! Quelques rides trahissaient son âge, mais ses grands yeux bleus et son bouc lui donnaient un air juvénile. Mais c'était quand même bizarre qu'il vienne me voir..
"Oh.. Merci.."
Je rougis malgré moi.
"Je crois m'être perdu.. Puis-je vous quérir de m'indiquer la sortie ? Je dois me rendre à Ecorcia."
"Bah j'dois y aller aussi. Vous pouvez v'nir avec moi si vous voulez."
Idiote ! Un type qui venait te voir, un illustre inconnu, dans une grotte où y avait pas âme qui vivait, et qui en plus parlait comme un homme du XIXème siècle, et toi t'acceptais de l'accompagner jusqu'à la sortie !? Mais j'y pouvais rien, mes paroles étaient sorties malgré moi. Il était vraiment canon.. Mais au vu de son âge, il devait sans doute être marié, et mon sens de l'honneur m'interdisait formellement de fréquenter des hommes en relation. Quoi qu'il en fût, nous voilà déjà sortis. Mine de rien, il nous avait fallu environ deux heures pour trouver la sortie, mais c'était vraiment pas désagréable de marcher avec ce gars.
"Je vous remercie infiniment, Mademoiselle. Permettez-moi de vous inviter chez moi afin que vous puissiez vous reposer dans un endroit confortable."
Là, je disais pas non ! Me voilà arrivée dans la ville d'Ecorcia, en très bonne compagnie.