Dernière ligne droite [OS]

Le Parc Naturel représentait mon dernier obstacle avant d'arriver à Rosalia. À la fois minuscule et immense, cet espace vert était bien trop petit aux yeux des scouts qui y cherchaient des insectes toute la journée, et bien trop grand pour les pauvre vagabonds comme moi qui voulaient juste passer à une autre ville. Moi, je n'avais rien à faire ici : je n'avais qu'à traverser. J'aurais pu partir à la recherche de pokémon, mais trouvais ça inutile : je m'étais déjà attardée dans les herbes hautes du coin, et y avais trouvé un Mimitoss qu'un pauvre type armé d'un Chacripan m'avait volé et un Scarabrute que j'avais échangé contre un Spinda et une poignée de pokédollars.
Alors qu'au départ, les deux m'avaient manqué quand je m'en étais détachée, j'avais fini par les oublier... et je n'y aurais sûrement jamais plus pensé si je n'étais pas passée par le Parc.

En arrivant, j'avais craint d'être défiée par des gamins en short ou des écoliers chasseurs de Chenipan, que je battrais en deux temps trois mouvements mais qui me prendraient de précieuses minutes de ma journée. Finalement, pour une raison inconnu, les lieux étaient déserts. J'en avais profité pour me poser quelques instants sur un banc, à observer les environs. Pas un Miaouss. Enfin... presque. Il y en avait justement un, qui jouait avec sa dresseuse, ainsi que quelques scouts qui parlaient de leur passion... rien de bien menaçant pour moi.
Après réflexion, je pensai que, tout bêtement, les enfants (autrement dit 99% des visiteurs du parc) devaient être chez eux, à cette heure. Quel enfant aurait voulu rater le goûter ? Même moi je regrettais de ne pas être chez moi pour me goinfrer de cookies et de cupcakes. Rien qu'en pensant à ces délicieux gâteaux, je réussissais à me donner faim. il était vraiment temps que j'arrive... Est-ce que je serais au moins sortie de ma maison si j'avais su à quel point j'allais avoir le mal du "pays" ? J'en doute. Cependant, bien que mon chez-moi m'ait manqué, j'étais bien trop attachée au voyage avec mon équipe pour rester chez moi, devant la télé à ne rien glander... j'allais très vite me lasser d'une vie trop facile et repartir, me connaissant. C'est pour cela que j'avais décidé de faire une halte de quelques jours maximum, histoire de rassurer mes parents, dormir dans une chambre qui m'est familière, qui ne sent ni le tabac, ni l'alcool, ni l’essens, ni le Caninos mouillé, comme la plupart de celles que j'avais eu la chance d'habiter, quand on ne me refilait pas le hamac dans le jardin ou le canapé dégueulasse plein de trous et de poils d'animaux.
Un matelas rempli de plumes, et pas de paille. Un véritable oreiller, et pas un coussin en cuir. Une couette, et pas un simple drap parce-qu'il-ne-reste-plus-de-couverture... tout cela m'attendait... à moins d'un kilomètre d'ici. Courage, moi !