Le chemin était long. On arrivait, en plus, à la fin de la journée, et la fatigue se faisait sentir autant dans mes jambes que dans mon esprit. Je me sentais devenir irritable au fur et à mesure que les kilomètres disparaissaient sous mes pieds. Quand enfin j'aperçus Safrania, la nuit s'était presque entièrement installée. Il ne me fallut guère longtemps pour trouver à nouveau refuge dans le centre de la ville. Cette fois pourtant, c'est bien une chambre que je demandais. Heureux de pouvoir enfin profiter d'un peu de sommeil, j'allais me coucher.
Cette nuit-là, ce sont des cauchemars qui me visitèrent. Je me voyais tomber dans une spirale sans fond, glissant sans fin, alors que les balls de mon équipe, elles, restaient en haut du gouffre. Même Mind n'arrivait pas à me rejoindre, malgré des successions de teleport pousses à leur maximum. Je tombais, je me perdais dans le néant ... J'étais seul, immobile, au milieu de rien. Il n'y avait rien que le vide, vraiment. Plus aucune pensée ne m'atteignait, pas même les miennes. J'étais incapable de penser, incapable de m'inquiéter, végétant sans volonté au fond des abysses .. J'ouvris enfin les yeux.
Je respirais rapidement, par saccades. Mind était tout près de moi. Toute l’oppression que je n'avais pas pus ressentir en songe s'empara de moi d'un seul coup, et je fondis en larmes contre mon pokémon. Ces cauchemars terribles, j'en avais depuis longtemps. Mais grâce à Mind, ils paraissaient moins pire à présent. La pokémon psy surveillait toujours mon sommeil, je le savais, et utilisait ses pouvoirs psychiques pour me protéger des mauvais rêves ou les atténuer de son mieux. Sans elle, je serais sans doute devenu fou depuis longtemps.
Au moment où, enfin, mes sanglots se tarissaient, j'eus un flash. Je voyais un immense mur de pokémons psys, qui me regardaient. Il y avait là absolument de toutes les espèces, sous tous les stades d'évolution, en shiney ou non, du moins autant que je pouvais en juger. Leurs regards étaient posés sur moi, comme s'ils attendaient quelque chose. Puis je fus de retour dans la chambre du centre. Mind semblait inquiète à son tour, mais je la rassurais autant que possible. nous mêlâmes nos esprits, nous apaisant l'un l'autre par ce contact que nous avions appris à cultiver et enrichir. Plus serein, je finis par réussir à m'endormir.
Le lendemain, dire que j'étais frais et dispo serait mentir. En revanche je me sentais suffisamment d'aplomb pour me lancer dans la dernière partie de mon voyage, qui m'emmènerait à Carmin sur mer. Une fois là-bas, je savais que je me sentirais mieux, parce que j'aurai retrouvé l'itinéraire normal de mon voyage.
Il me fallut, bien sûr, plusieurs heures et quelques parties de cache-cache avec les dresseurs pour enfin réussir à atteindre le port. Y consultant mes mails, je découvris que Mélofée avait déjà trouvé un acheteur ! Je m'en réjouissait déjà, tant pour lui ou elle (je n'avais même pas pris la peine de vérifier) qui allait trouver une nouvelle famille, que pour moi qui allait récupérer suffisamment d'argent pour vivre tranquillement pendant un bout de temps.