l'épreuve du feu [OS 3/4]

Des Salamèches à Autéquia. Une aubaine, qui en suivait une autre. Avec des pokémons aussi rares que des Zoruas et des starters, j'aurais de quoi me remettre sévèrement le pied à l'étrier. Mais pour l'heure, je n'étais pas à Autéquia : j'étais à Lavandia.

Lavandia et son casino. Lavandia et les jeux. Mais surtout, Lavandia et le crépuscule. J'avais passé du temps avec Stan, j'avais mis du temps à rejoindre cette ville. Je soupirai intérieurement : je déteste passer du temps avec les joueurs. Mais je n'avais pas sommeil. Autant en profiter pour mettre Sabelette et Zorua à niveau ... Je me mis dans l'ombre d'un lieu un peu à l'écart, avant de faire apparaître les membres de mon équipe. Je menaçais aussitôt le Zorua de ma lame. Celui-ci me regardait, et la colère brûlait dans son unique œil valide. Je devais agir maintenant si je voulais pouvoir profiter de lui. Je laissais tomber ma lame, avant de m'accroupir à sa hauteur.

Krystía - Zorua, écoute-moi. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai traité les autres comme de la marchandise ou non, mais ... je suis désolée pour ton œil. Tu es différent. Je t'ai choisis parce que tu es malin. Les autres sont de la marchandise : je dois gagner de l'argent si je veux vivre. Et je continuerai de travailler ainsi, en capturant des pokémons pour les revendre. Certains se joindrons à nous, mais la plupart ne seront là que pour l'argent. Mais pas toi.

Le Sombrenard sembla se calmer. Maintenant que j'y pensais, il ne s'était pas vraiment battu contre mes propres pokémons. Bref, je devais travailler avec lui. Lui apprendre à utiliser ses compétences. A lui, et à Sabelette aussi.

Krystía - Bien, vous deux : on va s'entraîner. J'ai besoin de vous voir progresser par vous-même, sans passer par les combats. Demain, on part chasser les Salamèches, et je veux savoir jusqu'où je peux compter sur vous.

L'entraînement était basique : Sabelette lançait des tranche-nuit et des dard-venin comme il l'entendait, à charge de Zorua d'utiliser riposte ou d'esquiver comme il le sentait. Le début fut un véritable calvaire pour le Sombrenard. Privé de la moitié de son champ de vision, incapable d'appréhender les distances correctement, il rata une bon nombre d'esquive et frappa à côté à de nombreuses reprises. Mais cet entraînement valait pour plus qu'une simple évaluation : nouvellement borgne, Zorua devait apprendre à compenser son handicape. Et je ne voulais pas qu'il le fasse pendant un vrai combat, fusse-t-il contre des sauvages : Les risques de défaite étaient trop grands, et je ne supporterais pas de devoir y aller de mon sabre pour me débarrasser de sauvages trop encombrants ou chanceux.

Et oui, cet entraînement était aussi et surtout là pour accoutumer mon pokémon à son handicap. C'est pour ça que Sabelette devait frapper avec tranche-nuit, qui serait bien moins efficace que griffe pour cette situation particulière. Il lui fallut du temps, mais le Sombrenard parvint finalement à coordonner ses mouvements. La suite des évènements ... on allait augmenter la difficulté : je demandais à Sabelette d'agrémenter tout cela de jet de sable.

Je devais en effet penser à ce cas de figure. Zorua n'avait qu'un globe oculaire valide, les attaques comme coud'boue ou jet de sable étaient des plus dangereuses, car elles brouillaient une vue déjà affaiblie. Zorua devait trouver un moyen de pallier à ce problème, et j'avais déjà une idée pour cela. Mais je voulais d'abord voir comment le rusé renardeau allait s'en sortir. Et je dois avouer que je ne fus pas déçue : comme je l'avais espéré, le Sombrenard fit preuve d'intelligence et de débrouillardise.

Zorua utilisa donc son arme naturelle la plus logique : les illusions. Bientôt, des reflets recouvraient le terrain. Enfin, une sorte de reflets. Les illusions étaient assez convaincantes pour embrouiller Sabelette, qui pourtant ne se laissa pas faire. Il se mit à utiliser dard-venin en tournant sur lui-même, effaçant les reflets. Zorua sembla alors devenir un serpent, une nuée de plumes, une brume. A la fin du compte, le petit goupil ne pouvait pas tenir la cadence sur le long terme, malheureusement, mais il avait réussis à montrer qu'il pouvait surpasser son handicape, grâce à ses capacités naturelles.

Krystía - Stop ! Sabelette, Zorua, on va changer les rôles. Zorua, tu utiliseras griffe : Sabelette, tu esquiveras et tu utiliseras jet de sable et armure pour tenir le plus longtemps possible. Allez hop !

Zorua avait pu passer outre son handicape pour se défendre. Pour attaquer, ce serait autre chose. De plus, Sabelette avait montré une certaine gaucherie pour ce qui était de l'esquive. Lui faire commencer à travailler ce point avec un borgne lui permettrait de s'acclimater et de progresser en douceur, tout comme Zorua avait mis du temps au début de cet entraînement. Bien, à présent il ne me restait pus qu'à regarder comment mes coéquipiers se débrouillaient : mais j'appréhendais par avance le résultat de cette partie-ci de l'exercice.

Comme je m'y attendais, les débuts furent laborieux, tant d'un côté que de l'autre. Zorua n'arrivait pas bien à placer ses attaques, et malgré cela Sabelette prenait des coups aisément esquivable. En comparaison avec le début de la session, leur inexpérience était criante. C'était leur point faible, c'était très visiblement leur point faible, à tous les deux. Je notais cette information dans un coin de ma tête. Sabelette se reposait trop sur jet de sable et armure pour se défendre, et si Zorua utilisait les illusions défensivement avec un réel talent, il ne faisait pas preuve de la même aisance pour l'attaque. Surtout maintenant qu'il était borgne, je suppose : les problèmes d'appréhension des distances, et le demi champ de vision, rien de tout cela n'aidait à porter de coup précis au final.

Je les laissais se débattre pendant quelques minutes, puis le temps s'allongea. Les deux pokémons étaient exténués. Zorua n'aurait même pas pus toucher un pokémon endormis et enraciné, et Sabelette arrivait à peine à bouger. Je me mordis la lèvre inférieure : ils étaient loin d'avoir le niveau de mon ancienne équipe, ils étaient loin d'avoir subis l'entraînement rigoureux d'un groupe paramilitaire ... En même temps, je m'attendais à quoi ? Sabelette n'avait jamais connu d'autre vie que celle d'une paysagiste particulièrement habile du sécateur, et Zorua venait d'être arraché à la vie sauvage, et avait perdu un œil. Je n'allais pas en faire des foudre de guerre en quelques heures, ce serait bien trop facile sinon. Bien, il était temps de les laisser se reposer un peu, ils n'étaient plus en état de toute façon : savoir ménager ses troupes était aussi important que les pousser à se surpasser.

Krystía - On s'arrête ici ! Vous tenez à peine debout. On recommencera plus tard. La situation réelle c'est bien, mais vous avez encore besoin d'entraînement. Allez, demain on chasse les Salamèches, j'aurais besoin de vous en pleine forme.

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