Je m'avançais vers les docks, Maelyna sur mes talons. Au loin, je distinguais la forme du paquebot qui allait m'emmener loin de Carmin-Sur-Mer. Je soupirais et fouillais mes poches à la recherche de mon paquet de cigarettes. Je les trouvais dans une poche intérieure de ma vareuse militaire. J'en pris une et la porta à ma bouche, avant de ranger le paquet et de sortir un briquet.
Je battis le silex une fois, deux fois, trois fois, en maugréant alors que je voyais des étincelles sans flamme. Enfin, mes efforts payèrent et j'approchais avec précaution le briquet allumé près de ma bouche, avant de le refermer et de le ranger. J'inspirais, avant de lâcher une bouffée de fumée en direction du ciel. Baissant mon œil, je vis Maelyna et son regard désapprobateur. Ma petite Evoli désapprouvait mon tabagisme, mais le tolérait tout de même.
D'un signe de tête, je l'invitais à me suivre, alors que ma cigarette se consumait lentement. Le temps que j'arrive devant l'embarcadère adéquat, cette dernière s'était entièrement consumée et je la jeta alors dans une poubelle proche, après l'avoir écrasé sous mon pied.
Mon œil se tourna vers le marin et fit le point un instant, me permettant d'apprécier approximativement la distance entre lui et moi.
Je lui tendis mon billet. Il le regarda un instant, avant de demander à l'un de ses collègues de me mener à ma cabine.
Une fois à l'intérieur, je posais ma valise et m'allongeais sur le lit après avoir ôté mes chaussures. Je m'endormis en entendant retentir l'annonce que le ferry pour Poivressel était sur le point de partir.
Je m'éveillais durant la soirée. Un coup d'oeil à ma montre m'indiqua qu'il devait être environ 19h30. Je m'étirais et prit le temps de me changer, avant de me diriger vers la salle à manger. Ma petite Evoli me suivit de son pas gracile. Elle avait dormi sur la table de la chambre, roulée en boule, sa queue cachant son museau, comme à son habitude. Nous arrivâmes à la salle à manger. J'avais un ticket de 2ème classe, ce qui n'était pas trop mal. J'avais mit la main au collet d'une personne recherchée et assez rusée.
Sa prime m'avait permit de m'offrir un billet pour me rendre à Hoenn. J'avais envie de m'y rendre, pour deux raisons : d'une, j'avais entendu parler de nombreuses opportunités de capture de malfaiteurs, de deux, les concours Pokémon semblaient une bonne occasion de voir si l'entraînement de ma chère Maelyna pouvait ou non payer.
Je m'assis à la table qui m'était réservée. On déposa devant moi une assiette de légumes et de viandes. Maelyna reçut un assortiment de baies et quelques fruits dans une écuelle. Elle poussa un petit cri à l'intention du serveur, avant de manger son repas avec plaisir et délectation. Je baissais ma main droite et lui chatouilla l'oreille, avant d'entamer mon propre repas.
Mon œil unique faisait le tour des tables visibles pendant que je mâchais. Un couple d'amoureux, sûrement partant pour la lune de miel au vu de la bague flambant neuve qui brillait au doigt de la demoiselle, se disaient des mots doux dans un coin. D'autres voyageurs discutaient tranquillement entre eux, les Pokémons mangeaient, les enfants s'amusaient, bref... Rien d'anormal pour ce navire...
Mon œil revint au couple d'amoureux et j'eu la surprise de reconnaître un type que ma mère avait attrapé autrefois pour vol à la tire et vol à l'étalage. Je haussais mentalement les épaules. Même les criminels ont le droit à avoir une vie de couple saine et normale.
J'achevais mon repas et me rendit sur le pont, après avoir prit une bouteille de bière et un verre. J'allais m'allonger dans un transat et tata une de mes poches. Bien. J'avais mes cigarettes et mon briquet. Maelyna me jeta un regard dépité, alors que ses oreilles s'affaissaient. Si elle n'aimait pas mon tabagisme, alors ma tendance à apprécier l'alcool... Sans la révulser, il s'agissait de quelque chose qui la dépassait et elle ne comprenait pas pourquoi j'appréciais de boire quelque chose qui ai une odeur aussi forte...
Je souris alors qu'elle prenait son élan pour venir se coucher sur mes genoux. J'allumais ma cigarette, après avoir bu une gorgée de bière. Exhalant la première bouffée de fumée, je contemplais les étoiles. Si ce que j'avais compris était exact, l'arrivée était prévue pour le lendemain, dans la soirée. Et si mes calculs étaient bons, j'avais en liquide assez d'argent pour me payer une chambre d’hôtel, avant de reprendre la route.
Je finis ma cigarette et l'écrasa dans le cendrier, avant de repartir vers ma chambre, tenant précautionneusement mon verre et ma bouteille. Une fois dans la pièce, je les posais sur la table, avant de demander à Maelyna de ne pas les faire tomber durant la nuit. Je me déshabillais et me changeais rapidement, avant de m'asseoir sur le lit.
Le temps de quelques secondes, et mon verre fut à nouveau rempli. Je déposais la bouteille vide dans la poubelle de la chambre et je m’apprêtais à boire, quand je sentis la petite truffe froide de l'Evoli contre mon bras. Cette dernière me regarda de ses grands yeux noirs, avant de pointer ma valise d'un mouvement de tête. Je déposais mon verre sur la table et l'ouvrait, en sachant pertinemment ce qu'elle souhaitait : être dans la pokéball pour le reste du voyage. Je fis la moue, mais je la comprenais parfaitement : elle n'appréciait qu'un seul type de voyage : à pied.
Ma Pokémon entra dans sa pokéball, que je posais doucement sur la table de chevet, avant de reprendre mon verre. Je humais doucement la douce fragrance du houblon, avant de boire cul-sec. Je déposais le verre sur la table et m'allongeais, pour tomber dans les bras de Rondoudou.
Le lendemain ne fut guère folichon, avouons-le. Le ciel n'était guère dégagé et j'eu le mal de mer en me réveillant, me forçant à passer la majeure partie de la traversée dans ma cabine, à prier le ciel de m'achever rapidement sans douleur.
Quand j'entendis les hauts-parleurs crachoter la nouvelle de l'arrivée à Poivressel, je me retint tout juste de me ruer hors de ma cabine pour embrasser la première personne à être en travers de ma route...
Je pris mes clics et mes clacs, glissa la pokéball contenant Maelyna dans une poche de ma vareuse et prit le chemin de la sortie.
Une fois à terre, et en me retenant d'embrasser le sol qui cessait peu à peu de tanguer, je me jurais de ne plus jamais remonter dans un navire, quitte à devoir traverser les étendues d'eau à la nage.
Je pris une chambre dans un hôtel bon marché et dormis une nuit entière pour me remettre des émotions de la journée, avant de reprendre la route, à pied, le lendemain.