Trafic de données

C'était un manquement honteux de ma part. Arriver en retard à une transaction comme celle-ci ... je me sens ridicule et surtout ma conscience professionnelle n'est absolument pas d'accord ... Zorua, perché sur mon épaule, l'a bien comprit, et Riolu, qui marche à côté de moi, doit bien ressentir que je me sens perturbée. Ce Wattouat a été bien plus difficile que prévu à vaincre, et il m'a fait perdre un temps précieux.

J'atteins forcément le lieu de rendez-vous après mon client. je mis un peu de temps à le repérer, mais je finis par le trouver, ou plutôt lui par me reconnaître : des cheveux bleus, ça ne passe jamais inaperçu après tout. C'est à la fois un bon point pour mes clients qui peuvent me reconnaître aisément, et un mauvais point pour moi : parce qu'un jour ils ne seront plus les seuls à chercher une tignasse bleue ...

- Je suis désolée pour le retard, j'ai mal géré mon temps. Je vais vous faire une ristourne pour vous dédommager de l'attente. J'aime répéter que j'offre un service de qualité, après tout.

Je regardais Riolu du coin de l’œil, guettant un moment où la petite louve bleue tiquerait. Ce n'était pas aussi efficace que de la télépathie, mais la capacité des membres de son espèce à lire les auras pourrait nous prévenir de mauvaises intentions assumées.

Volucité... Ses grattes-ciel, sont odeur puante et grouillante de chair plus fraîche pour un sous, abattue par le poids d'un rythme effréné de vie, rouée des coups du stress et de la vie des mégalopoles. La pollution, le confinement... Si j'avais pu être impressionné par cette ville la première fois que j'avais eu l'occasion d'y mettre les pieds, tant la véritable vie urbaine m'était alors inconnue, je pouvais sans broncher dire que ce n'était pas une ambiance qui me plaisait. Oh bien sur, je n'avais rien à voir avec tout ces bureaucrates, ces fonctionnaires qui fourmillaient, tous aussi similaires les uns aux autres. J'étais un esprit libre dans une ville formatée, et je pouvais ainsi en voir pleinement le tableau : Un enfer sur terre. Du moins tel que je me le représentais.. Peut-être ces gens avaient-ils commis les plus ignobles des crimes dans une autre vie ? J'en frissonnais d'avance : J'étais pas sorti de l'auberge...

Mais tant qu'à faire, je devais m'atteler à ce que ma vie actuelle soit la plus optimale possible. De ce fait, afin de parfaire les compétences déjà fortement développées de mon équipe, je m'étais mis en quête d'un nouveau compagnon, dont j'avais eu vent de la présence dans les passages récemment, mais trop tard pour pouvoir mettre moi même le grappin dessus : Porygon. Le pokemon informatique. Des données vivantes... De quoi effrayer n'importe quel programmeur digne de ce nom, chose que je n'étais pas. Et c'est là que rentrait en jeu ce pokemon, capable de voyager à travers le cyberespace : J'avais là mon outil de piratage et d'intrusion informatique, chose quasi obligatoire de nos jours, tant la technologie régissait chaque parcelle de ce monde. Et puisque quasiment tout est désormais connecté, j'avais là une arme des plus redoutables...

Ou du moins, j'allais me la procurer. C'est pour cela que j'avais passé de nouveau ce si désagréable téléporteur en direction du Terminal Mondial, où j'avais rendez vous avec ma vendeuse, que je connaissais pour avoir déjà eu affaire avec elle : Krystia Kzer. Une braconneuse à laquelle j'avais échangé l'un de mes Kabuto contre Zorua, désormais bien plus grand. Pour le geste, ce dernier, qui m'accompagnait toujours, avait même repris sa forme originelle de Zoroark, majestueux. Sans doutes cela n'aura guère d'importance pour la braconneuse, mais j'étais toujours aussi enclin aux arts et aux manières... Bien que je n'avais pas envie de jouer au même petit jeu que la dernière fois. Aussi fus-je plutôt direct lorsque je la vis arriver, en retard d'ailleurs (j'avais du attendre une petite dizaine de minutes).

- C'n'est pas dramatique... Je constate néanmoins que vous me vouvoyez maintenant ? C'est vrai que c'est plus formel après tout... En tout cas, j'apprécie ce geste commercial. Je suppose donc que cet argent fera l'affaire ?

Accompagnant ses paroles de geste, je sortis de mon sac l'argent nécessaire à la transaction, tandis que Zoroark fixait Krystia avec une expression des plus étrange, que je n'aurais su décrire.

- Hmmm... Je lui demanderais plus tard, car je ne comprends exactement ce qu'il ressent, mais il n'a pas l'air indifférent de vous voir. Vous vous souvenez de lui ?

- C'n'est pas dramatique... Je constate néanmoins que vous me vouvoyez maintenant ? C'est vrai que c'est plus formel après tout... En tout cas, j'apprécie ce geste commercial. Je suppose donc que cet argent fera l'affaire ?

Le vouvoyer ... Je ne relevais pas au premier abord. Si c'était un ancien client, ce serait toujours bon de voir que je fidélisais le client. Mais un gamin comme lui, ce ne devait pas être un ancien client, plutôt un des derniers. Hum; il y en avait eu pas mal, des gosses, alors lequel cela pouvait-il être ? Je hochais toutefois la tête après avoir vérifiée la somme, lui tendant la ball du Porygon.

- Hmmm... Je lui demanderais plus tard, car je ne comprends exactement ce qu'il ressent, mais il n'a pas l'air indifférent de vous voir. Vous vous souvenez de lui ?

Je relevais la tête, mes yeux se posant sur son compagnon. Un Zoroark. Pourquoi je reconnaîtrais un ... Oh fuck. Zorua sembla faire le lien en même temps que moi, et se mit à fixer le Zoroark de son œil unique avec ce qui semblait être de la jalousie affichée. Ce fut le déclic : Yuki Yonde, un de mes concurrents, déjà bien implanté sur le marché. Je comprenais mieux, c'est vrai que notre première rencontre avait été faite il y a quelques temps, mais de là à l'oublier si vite ... Tu te ramollis Krystía, vraiment.

- Je vois qu'il a bien grandit. De quoi rendre fier son dresseur. j'espère avoir l'occasion de voir Porygon profiter autant de vos capacités dans le futur.

Malgré les compliments, je notais que cet homme avait fait évoluer son pokémon très rapidement. Ce serait sans doute un adversaire dangereux même une fois que j'aurais une équipe digne de ce nom. J'avais décidé de ne pas m'associer à nouveau depuis le fiasco avec mon frère. Peut-être devrais-je toutefois commencer à chercher un terrain d'entente à lui proposer plus tard, sait-on jamais. Ça avait beau être un mioche, il fallait avouer qu'il avait l'air doué.

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