[Terminé]Prologue : Adieu Riolu

Une agréable brise soufflait sur Carmin sur mer aujourd'hui. Comme d'habitude lorsque l'on se trouve près de la mer, le vent était bien plus frais et agréable qu'à l'intérieur des terres. Les touristes affluaient et le port fonctionnait à plein régime, laissant entrer et sortir au moins un bateau par dizaines de minutes. Le port était légèrement séparé de la ville et un petit chemin menait à l'enceinte où se trouvait tous les bateaux. En partant du port, une fois ce chemin emprunté, on arrivait dans une rue permettant de se rendre au coeur de Carmin sur mer, ou à l'inverse de quitter directement la ville. Un bonne initiative pour ceux qui ne souhaitaient pas perdre leur temps dans la ville et qui veulent directement partir à l'aventure. Toutefois, après une croisière, un petit tour à un centre pokémon pouvait être des plus sympathiques. Dès l'entrée de la ville, les boutiques pokémon, et en continuant tout droit, l'arène pokémon ainsi que quelques habitations. Au nord de la ville, d'autres habitations et surtout, le centre pokémon. Carmin sur mer était une ville très agréable au final, avec un climat toujours très généreux et un air frais qui suffisait à rafraichir les habitants en été. Aujourd'hui encore le ciel était bleu, le soleil brillait, c'était une journée idéale pour partir à l'aventure ou simplement sortir entre amis.

Pourtant pour lui, la journée n'était pas agréable du tout. A ses yeux, le soleil ne brillait pas. Cela faisait dix ans qu'il n'avait pas brillé. Le ciel était gris, comme chaque jour, et le monde qui l'entourait était inintéressant au possible, triste et cruel, impitoyable. Les gens autour de lui étaient tous de bonne humeur, c'était quelque chose qu'il ne concevait pas. N'avaient-ils jamais vécu une tragédie dans leur vie ? Lui en avait vécu un paquet, suffisamment pour être dégouté de ce monde. Il en restait prisonnier, sans possibilité de mourir. Ça aurait été trop facile. Même la mort lui serait insupportable en réalité. Non vraiment, il n'avait pas envie de mourir, ni envie de vivre. Un bien étrange sentiment, et c'était comme cela depuis dix ans. Depuis qu'il avait tout perdu. Et aujourd'hui, encore une ville que tout le monde trouvait accueillante et que lui trouvait sans intérêt, semblable à toutes les autres. Elle n'éveillait en lui aucun sentiment si ce n'est un profond malaise, qu'il ressentait désormais presque en permanence...

Le bateau avait accosté dans la matinée et il était descendu à ce moment là, accompagné de son pokémon. Enfin, ce n'était pas vraiment le sien. Il se le trimbalait depuis dix ans. Le petit le suivait, sans raison valable, et lui n'avait pas envie de perdre son temps à le repousser. Peut-être qu'inconsciemment, il appréciait sa compagnie ? Cela dit, il avait pris une décision depuis déjà quelques semaines. Et c'était peut-être une des raisons à sa venue à Kanto. Il voulait se débarrassait de ce pokémon. Enfin, le laisser dans un endroit où il serait heureux. Il savait qu'une vie de vagabond avec lui ne pouvait satisfaire le petit pokémon bleu. Quel pokémon serait satisfait de cette piètre vie. Il savait que son pokémon était assez recherché à Kanto, et c'est pour cela qu'il avait décidé de venir dans cette région. N'ayant pas d'objectif précis, il allait sans doute repartir une fois son pokémon laissé quelque part. Mais ce n'était pas son soucis pour le moment. Depuis dix ans déjà, il voyageait avec trois fois rien et c'est donc sans grande surprise qu'il arriva à Kanto avec à peine 3000p$ en poche et un simple sac à dos, vide. Le petit pokémon marchait toujours derrière lui. Au cours des dix dernières années, ils avaient été ensemble. Il s'était habitué à sa présence. Il avait aussi rassemblé des informations sur lui en l'observant. Encore une fois, il n'avait rien d'autre à faire.

Il était de ceux qui avait décidé de se rendre directement à Carmin sur mer, et prit donc la direction du centre ville dès son arrivée. Il remarqua immédiatement l'arène, bâtiment très impressionnant qui ne lui fit pas vraiment envie. Ce n'était pas la première arène qu'il voyait, et chaque fois qu'il en voyait une, il se demandait toujours pourquoi des dizaines de gens faisaient ce que l'on appelle la "quête des badges". Amasser des petits bouts de métal pour pouvoir devenir un maître à la ligue... Il trouvait ça stupide. Il se fichait du titre de maître. A quoi bon vouloir prouver sa supériorité aux autres ? Les pokémons n'étaient donc pas fait pour s'amuser à la base ? Certains semblaient vouloir s'en servir autrement, il l'avait bien compris, ce jour là... Lui ne pensait pas de cette façon. Les pokémons n'avaient rien d'amusant. Finalement, les pokémons d'une certaine personne avait ruiné sa vie et les pokémons des autres allaient sans doute la ruiner encore. Et puis lui même en avait actuellement un, de pokémon. Celui qui le suivait depuis maintenant des années. Mais tout cela serait bientôt terminé. Il allait redevenir un simple humain, errant seul. Il n'avait pas besoin de pokémons, pas après ce qu'il avait enduré. Par ailleurs, il n'avait pas besoin d'humain non plus.

Comme souvent dans une nouvelle ville, il se rendit au centre, là où son pokémon pourrait se faire soigner. Ce n'est pas qu'il y accordait grande importance, mais puisqu'il y passait pour manger, bien souvent, les infirmières l’encourageaient à soigner son pokémon, voyant que ce dernier était souvent fatigué. Qu'importe, ce n'était pas vraiment son problème, personne ne lui avait demandé de venir. Le centre pokémon était une étape, mais il ne comptait pas s'y éterniser. Après ce bref passage, il était déjà presque temps de partir. Enfin, si sa vie avait pu être aussi simple, il n'aurait pas atterrit à Kanto.

Modération:

Spoiler:

Vous venez de sortir du centre quand tout à coup, un homme vous attrape et vous retourne. Il s'agit d'un vieux habillé comme un Karatéka et qui vous lance:

"Toi là avec ton costume bidon! Tu as quoi comme Pokémon? Oh et puis peu importe! COMBAAAAAAAAT!"



Sur cette introduction, il lance... Un Riolu!



Silver•

A Kanto ou à Johto, il présumait que les personnes vivant dans ces régions étaient globalement les mêmes. Tous des idiots poursuivant des rêves dépourvus de sens, vivant dans la joie et la bonne humeur sans avoir idée que certaines personnes, juste à quelques mètres, vivaient avec un pied dans l'enfer. C'est ce à quoi il pensait en se dirigeant vers la sortie de Carmin sur mer. Et puis soudain, il sentit quelque chose sur son épaule. Quelque chose de lourd qui l'enserra bien vite. Il se sentit soudain retourné par quelqu'un et se retrouva nez à nez avec un drôle de gars. N'affichant aucune émotion sur son visage, il examina le type en question. Il ne mit pas longtemps avant de réaliser que son interlocuteur était sans doute un expert en arts martiaux, un karatéka.

"- Toi là avec ton costume bidon! Tu as quoi comme Pokémon? Oh et puis peu importe! COMBAAAAAAAAT!"

Il ne répondit pas. Il se contenta de regarder le gars tirer une pokéball de sa poche et la jeter vers le ciel en donnant au passage un coup de pied dedans, sans doute un mouvement appris au karaté. Il était déjà très énervé. Il détestait se faire importuner par les gens et n'avait pas envie de discuter. Surtout avec un type comme celui qu'il venait de rencontrer. Costume bidon ? D'instinct, il baissa les yeux pour regarder son habit qu'il jugeait fort bien. Mais pour un gars passant ses journées à transpirer dans un kimono, ce costume pouvait peut-être paraître bidon. Les personnes ne sachant rien devraient tout simplement se taire. C'est ce qu'il pensa. Mais alors le pire, c'était que le gars voulait le défier en combat pokémon. Il n'avait pas de temps à perdre avec ces jeux stupide. Cela faisait dix ans qu'il n'avait pas combattu. Lorsqu'il se faisait attaquer par des pokémons sauvages, il laissait "son" pokémon se charger d'eux sans le lui ordonner ni même donner aucunes instructions. Après tout, s'il mourrait tué par des pokémon sauvage, ce n'était pas si grave. C'est ce qu'il pensait. "Son" pokémon ne semblait pas de cet avis. Il se battait pour sa survie même si l'envie de vivre n'y était plus. Toujours était-il que le karatéka voulait combattre et que son pokémon apparût dans un rayon de lumière. Il ne put cacher sa surprise en voyant le pokémon de son adversaire. Le même que celui qui le suivait depuis dix ans. C'était un Riolu !

Le karatéka semblait tout content et sûr de lui. Lui, s'en fichait du combat et du karatéka. Les deux Riolu se dévisageait du regard. Visiblement, son Riolu était intrigué par le Riolu du karatéka. Il n'avait pas l'occasion de rencontrer ses semblables tous les jours. Ainsi, il devait sans doute être très content. C'était un bon début pour lui dans la région du Kanto. Il regardait son pokémon d'un air pensif. S'il était venu à Kanto, c'était pour le laisser dans un endroit où il pourrait s'amuser. Le karatéka le regardait avec impatience, si bien qu'il fût contraint de prendre la parole.

"- Je ne fais pas de combats pokémon. Désolé. Riolu, si tu veux rester avec ton ami, libre à toi de le faire."

Après ces quelques mots, il tourna le dos aux Riolu et au karatéka, avançant de nouveau vers la sortie de Carmin sur mer. Peut-être que Riolu allait enfin arrêter de le suivre, après tout, il s'était trouvé un ami. Il espérait que cette fois il allait rester avec son semblable. Cela faisait déjà dix ans que Riolu le suivait alors qu'il ne s'occupait pas du tout de lui. Il ne pouvait ignorer complètement ce comportement. Malgré tout, il le trouvait plutôt attachant. Même s'il ne l'aimait pas particulièrement, il ne voulait pas le faire souffrir. Il ne voulait pas le faire disparaître à cause de lui. Il atteignit la sortie de Carmin sur mer, n'osant pas regarder derrière lui. Fuyant une fois de plus...

Modération:

Spoiler:

Donc vous partez, le karatéka soupire et va chercher un autre adversaire de combat.
Cependant, vous entendez des petits bruits de pas, il semblerait que Riolu vous est encore suivit.



Rav'

Il devait désormais décider quelle direction il allait emprunter. Il ne le savait pas trop. Le panneau indiquait plusieurs direction: Cave Taupiqueur, Safrania ou encore Lavanville. De toute façon, il n'avait pas de plan, et ne savait donc pas où tout ce chemin allait le mener. Quelle ironie. En tout cas, le karatéka ne semblait pas l'avoir suivit. Tant mieux, il avait peur que le gars soit un peu bête vu comment il s'était jeté sur lui, mais visiblement, ça irait quand même. Il avait renoncé à le défier et c'était une bonne nouvelle. Quant à Riolu...

Il s'en fichait, ce n'était plus son problème. Ça n'avait jamais été son problème de toute manière. Il n'était pas là pour faire de la garde de pokémon, il avait d'autres choses à faire. Avait-il vraiment d'autres choses ? Non, c'était faux, il n'avait rien. Il n'avait plus rien. C'était justement pour ça qu'il se débarrassait de Riolu. Même s'ils n'étaient pas aussi proche que lui ne l'était avec ses anciens amis, il ne voulait pas que le petit pokémon soit blessé par sa faute. Alors c'était comme ça. Il s'assit sur un banc, levant les yeux au ciel et réalisa pour la première fois de la journée que le ciel était bleu. Ça lui arrivait de temps en temps de réaliser cela, bien que le ciel lui semblait toujours gris. Il ne voulait plus voir le ciel. La Cave Taupiqueur serai sa prochaine destination. Il se releva, mit les mains dans ses poches et commença à marcher vers la Cave. Au bout de quelques minutes de marche, il remarqua le petit bruit qu'il y avait derrière lui. Il connaissait bien ce bruit après tout, cela faisait dix ans qu'il l'entendait. Il s'arrêta de marcher, et le bruit cessa aussitôt. Se retournant, il baissa la tête et aperçu, comme il le pensait, "son" Riolu.

Il le regarda de haut, d'un regard impassible. Quant à Riolu, il le regardait en levant la tête d'un air incrédule et lui adressa un sourire. C'est ce qui l'énervait au plus au point. Riolu faisait semblant de ne pas comprendre ses intentions, semblant de ne pas voir qu'il voulait le laisser et continuait de le suivre malgré tout ce qu'il faisait. Il ne comprenait vraiment pas. Qu'importe comment il voyait les choses, il ne pouvait comprendre. Il ne s'occupait même pas de ce pokémon, alors pourquoi est-ce qu'il le suivait en permanence ? Etait-il stupide ? Toujours était-il qu'il était encore là, à le suivre, et ce depuis dix ans. Ils se regardaient mutuellement sans dire un mot, le visage impassible tous les deux. Lui ne savait pas comment réagir, et avait du mal à comprendre les sentiments qui l'envahissaient à cet instant. Soudain, Riolu leva légèrement la tête et lui adressa un sourire tout en poussant un petit cri enjoué.

C'en était trop. Il ne comprenait pas pourquoi, mais l'attitude de Riolu le faisait souffrir. Il sentit une vague de colère montée en lui d'un seul coup, à la vue du pokémon lui adressant un sourire. Il ne méritait pas ce sourire, alors pourquoi ? Pourquoi ? Il en avait assez de toujours se répéter ce mot en boucle dans son esprit. Ce "pourquoi" était sans doute devenu son mot fétiche. Il s'en fichait, il ne voulait pas savoir et il ne saurait pas. Le sourire de Riolu disparu et il hocha la tête en signe d'interrogation. Cette action...était celle de trop. Cette action était celle à ne pas faire. Il en avait plus qu'assez de son sourire permanent, de cette air un peu bête lorsqu'il se posait une question. Sous l'impulsion de la colère, et dans un mouvement de rage, il prit la pokéball de Riolu qu'il avait été forcé de conserver dans sa poche et la jeta violemment un peu plus loin, la pokéball se brisant sur le coup.

"- Mais merde, pourquoi t'es encore là ?! Pourquoi t'es toujours là ?!! Pourquoi tu comprends pas ?!!! Putain !!! Dix ans ne te suffisent donc pas ? Il faut que je te dise combien de fois de partir pour que tu comprennes ?!! Dégage !!"

Ce n'était pas du tout dans son habitude de s'énerver comme ça. En vérité, cela faisait peut-être dix ans qu'il ne s'était pas autant exprimer et si ouvertement, à tel point que sa gorge le brûlait. Il détestait crier, il détestait vraiment cela, mais là c'était sortit tout seul. Comme s'il ne se contrôlait plus. Riolu faisait une drôle de tête. Il affichait un regard bien plus troublé que d'habitude dans lequel se lisait la tristesse. Ou la peur peut-être ? Qu'est-ce qu'il en savait. Il porta la main à sa gorge, bien que cela n'allait pas guérir sa douleur, et tomba à genoux face à Riolu. Pourquoi soudainement, alors qu'il revenait à Kanto, il se sentait si mal ? Il voulait au plus vite se débarrasser de Riolu et avait jeté sa pokéball dans un geste inconsidéré. Finalement, il ne voulait pas vraiment que ça se passe comme ça. Il resta à genoux, au milieu du sentier, face à un Riolu complètement troublé...

Modération:

Spoiler:

Cet instant dura plusieurs minutes. Lui à genoux, Riolu debout face à lui, ne sachant pas quoi faire. Gêné par la situation, gêné de l'avoir provoqué, le petit pokémon semblait pensif. Ben, ce n'est pas comme si son "dresseur" y prêtait attention. Il avait les yeux rivés sur le sol, un regard vide. Peut-être avait-il était trop loin ? Après tout, il ne voulait pas lui faire du mal, à Riolu. Lui parler comme ça n'était sans doute pas une bonne idée. Aussi releva t-il la tête, regardant Riolu. Il fut surpris de voir que ce dernier était juste devant lui. Le petit pokémon plaça la main sur son épaule et le regarda droit dans les yeux en lui adressant un sourire. Cette fois ci, le sourire n'énerva pas le dresseur. Nan, cette fois ci, il était occupé à lire dans les yeux de Riolu. Pour la première fois depuis dix ans, il tentait de comprendre le petit pokémon. Décidément, c'était la journée des premières fois aujourd'hui. Sans trop savoir pourquoi, les larmes lui vinrent aux yeux. Il n'avait jamais vu les choses sous un autre angle. Mais maintenant qu'il y pensait, peut-être Riolu était-il...

"-...comme moi ? Tu es... seul ?"

Il n'y avait jamais pensé et n'en revenait pas. Comment cette pensée avait-elle pu lui échapper. La raison pour laquelle Riolu le suivait n'était pas uniquement parce qu'il savait ce que l'homme avait enduré. Non.. Il le suivait parce qu'il était seul également, seul dans ce monde. Lui aussi avait sans doute perdu ses amis, sa famille et ce qu'il avait lorsqu'il avait été capturé par ces criminels. Riolu continuait de regarder "son dresseur". Ce dernier repensait à sa rencontre avec le petit pokémon bleu, dix ans de cela. Il comprenait un peu mieux maintenant. Depuis le début, ils étaient dans la même situation. Dans le même bateau. Seul, deux âmes errantes en ce monde. Tout devenait enfin clair. Il n'avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Quelle erreur. Mais au final, cela ne changeait pas grand chose pour lui. La terre se mit alors à trembler, et un pokémon inconnu apparu alors derrière Riolu. Malgré tout, les deux compères connaissaient ce pokémon. Un pokémon qui vit sous terre, il n'en existait pas des dizaines, c'était un Taupiqueur. Ce dernier s'élança en direction de l'homme, dans le but de le blesser. Sans raison d'ailleurs. Tout du moins, le vagabond en ignorait les raisons. Ainsi le pokémon sol approcha à grande vitesse. Riolu déconnecta alors son regard de celui de son dresseur et d'un air calme, se retourna en direction du Taupiqueur, forçant celui ci à s'arrêter sous peine de prendre une violente attaque Riposte.

L'homme était cela dit touché par le geste de "son" pokémon. Malgré ce qu'il venait de lui dire, Riolu venait de le protéger et s'apprêtait à le protéger encore. Il avait du mal à y croire. Quelle belle démonstration d'amitié. Mais... S'il avait été dans un manga, il aurait suffit de cette simple scène pour que les deux deviennent ami et que l'homme décide enfin de s'allier à son pokémon. Mais... Ils n'étaient pas dans un manga pas vrai. Et malgré la démonstration de fidélité que venait de faire Riolu, l'homme n'avait pas changé d'avis. Le fait qu'ils se ressemblent suffisait à les maintenir éloigner. Au contraire, cela ne faisait que renforcer le sentiment du vagabond. C'est parce qu'ils se ressemblaient qu'il devait à tout prix se séparer de son pokémon. Parce que sinon ils se perdraient mutuellement. Riolu était en position de combat. Il ne jeta aucun regard derrière lui, après tout, il le savait. L'homme ne lui donnerait aucun ordre. Il n'allait pas combattre avec lui. Ce n'était pas la première fois qu'il le protégeait comme cela. Il savait également qu'il n'aurait aucun remerciement. Il l'avait déjà protégé des pokémons sauvages sans que cela ne change rien. D'ailleurs, l'homme ne comprenait pas pourquoi cette fois ci, ce geste éveillait un sentiment plutôt agréable en lui. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas ressentit de sentiments agréables. Malgré tout... Riolu était sur le point d'engager le combat.

"- Je l'ai enfin réalisé... Nous sommes pareils, nous avons tout perdu toi et moi. Et c'est pour cela que si je ne te laisse pas ici, nous continuerons à tout perdre. Mais je ne voulais pas t'abandonner, c'est pour cela que je t'ai demandé de rejoindre l'autre Riolu tout à l'heure. M'enfin, ça ne fait rien."

L'homme baissa légèrement la tête. Il semblait réfléchir de nouveau. Riolu le regardait d'un regard en coin, gardant toujours un peu de son attention portée vers Taupiqueur. Après un long soupir, l'homme releva la tête.

"- La situation n'a pas changé. On ne connaît pas la région, mais on pourra toujours s'en sortir. Tout du moins... Tu pourras toujours t'en sortir. Le fait que nous soyons semblable nous éloigne encore plus. Nous sommes condamnés à faire cavalier seul. C'est le destin. C'est la vie que nous menons."

L'homme parlait toujours d'un ton calme et posé. Sa voix ne dévoilait aucune émotion particulière. Il énonçait simplement les faits et présentait les choses tel qu'elles étaient. Riolu écoutait attentivement tout ce que lui disait l'homme.

"- J'ai déjà brisé ta pokéball. Tu n'as plus à me suivre désormais. Je ne suis rien pour toi, et tu n'es rien pour moi. Souviens toi que nous ne serons jamais que deux âmes perdues. Quoiqu'il arrive, nous sommes seul. Ne l'oublie pas."

C'était la vision que l'homme avait de lui même depuis dix ans. Et si Riolu était dans le même cas que lui, alors c'est aussi la vision qu'il aurait de ce pokémon. Ceux qui ont tout perdu n'étaient rien d'autre que des âmes errantes, sans aucun but. Incapable de se lier d'amitié avec quelqu'un ou de posséder quelques biens sous peine de les perdre de nouveau. Le destin de ces personnes étaient le plus tragique qui soit. Tout du moins, l'homme pensait de cette façon là. Mais était-ce réellement vrai ? Riolu partageait-il ce point de vue ? L'homme, lui, était sûr de sa version des faits. Ce monde l'avait trop fait souffrir. Malgré la gentillesse de Riolu, malgré le fait qu'il aurait voulu croire que se lier d'amitié de nouveau était possible, et s'il était condamnait à tout perdre une fois encore ? Il ne voulait pas que cela arrive, et ça n'arriverait pas.

Il tourna le dos à Riolu et Taupiqueur, qui était toujours face à face. La blessure qu'il avait reçu il y a dix ans était trop profonde pour pouvoir se refermer. Il ne pouvait pas oublier toute cette souffrance. Et c'est pourquoi, ce jour là, il partit en laissant Riolu derrière. Commençant à marcher, il s'élança dans une direction au hasard. Il voulait juste s'en aller. Riolu devait comprendre. Même sans repères il s'en sortirait. Et puis, le petit pokémon était intelligent, il pouvait survivre facilement, surtout dans une ville comme Carmin sur mer. L'homme lui, n'était rien de plus qu'un idiot, essayant désespérément de fuir ses sentiments. De fuir la réalité. Il n'aurait sans doute jamais la force d'affronter les fantômes de son passé.

Modération:

Spoiler:

Riolu vous regarde partir tristement et Taupiqueur l'attaque en traître pendant ce temps. Riolu se relève et assomme le Pokémon ennemi d'une attaque Forte Paume puis il se tourne vers vous et pousse un cri déchirant, il ne semble pas vouloir rester seul et il se met à votre poursuite, les larmes aux yeux. Pauvre petit ~

Rav'

Il était encore là. Riolu avait couru de toutes ses forces pour le rattraper. Le petit pokémon l'avait simplement regardé s'en aller tristement. A cet instant dans son esprit, sans doute était-il en train de réfléchir au quart de tour. Que faire ? Comment l'arrêter ? Sa vision des choses est-elle la bonne ? Sommes-nous condamnés à rester seul ? Ce moment d'inattention avait été profitable à Taupiqueur. Le pokémon sol avait attaqué Riolu par surprise l'envoyant voltiger un peu plus loin. Entendant de drôle de bruits, le vagabond avait hésité un instant à s'arrêter. Mais cela ne le concernait plus pas vrai ? Ainsi avait-il donc continué de marcher en direction de Safrania. Mais Riolu n'avait pas dit son dernier mot. Les larmes commençaient déjà à couler le long de ses petites joues bleues et il s'élança, frappant violemment Taupiqueur avec Forte Paume. Un instant sépara le moment où il n'entendit plus le bruit des combats et celui où Riolu poussa un effroyable cri. Dès qu'il entendit ce cri, le vagabond s'arrêta net, ramener malgré lui plusieurs années en arrière. Il connaissait ce genre de cri. C''était le cri que toutes personnes ayant perdue espoir poussait lorsqu'elle touchait le fond. Un cri qu'il avait déjà poussé lui aussi et qu'il avait encore envie de pousser à cet instant. Riolu l'avait enfin rattrapé. Ils étaient face à face. Lui n'osait pas vraiment bouger, Riolu était en larmes et se jeta sur lui, le faisant tomber au sol. Il le regardait droit dans les yeux, pleurant sur son visage. Le petit pokémon était visiblement désespéré. Le vagabond aurait aimé ne pas le voir comme cela, mais il devait tenir le coup. Il repoussa le pokémon bleu qui roula sur le côté avant de se relever.

"- Tu n'as pas compris ? Riolu, ne tiens pas compte de tes sentiments. Moi je ne tiens pas compte des miens. La souffrance engendrée lorsqu'on laisse ses sentiments prendre le dessus est trop grande. La vie est remplie de choix difficile. Acceptes le. Abandonne... Nous aurions mieux fait... de ne jamais nous rencontrer. Crois moi, ça aurait été mieux pour nous deux."

Disant cela, il tourna pour la énième fois le dos à Riolu et se remit à marcher. Il n'avait même pas remarqué qu'il venait de faire demi tour et reprenait la direction de Carmin sur mer. Ce n'était pas le plus important de toute manière. Une fois là bas, il n'aurait qu'à partir vers le nord au lieu de partir à l'est. Sur un panneau était indiqué l'emplacement d'une maison, à l'intérieur de laquelle se trouvait un tunnel reliant Carmin sur mer à Azuria. Il savait qu'Azuria était une belle ville. Ce n'est pas comme s'il était attiré par les belles choses, enfaite il s'en foutait, mais il lui fallait bien une destination. Aussi prit-il la direction de la maison au souterrain se trouvant à Carmin sur mer. Pendant ce temps, Riolu en retrait, regardait son dresseur s'en aller.

Modération:

Spoiler:

Riolu veux continuer à vous suivre mais voilà que Taupiqueur à ramener un copain pour attaquer Riolu. Le petit Pokémon bleu se retourne et cette fois, il est bien obligé de combattre mais dans sa tête, il se jure de vous retrouver et il connaît très bien votre odeur et votre visage. Il vous jette un dernier coup d'oeil et retourne au combat ~

Rav'

Il était de retour à Carmin sur mer. En une trentaine de minutes, la ville n'avait pas vraiment eu le temps de changer. Pourtant, lui la trouvait plus sombre, plus vide. Cela dit, il trouvait la petite brise qui soufflait extrêmement agréable. Et c'est dans cette atmosphère particulière qu'il continuait d'avancer. Après tout, il ne pouvait pas se retourner. Il avait dit tout ce qu'il avait à dire, c'en était finit désormais. C'était la fin de ces dix dernières années. Aujourd'hui il tournait une nouvelle page. Il cherchait désormais l'accès menant au souterrain, ce grand canal sous terre qui reliait Carmin sur mer à Azuria. D'ailleurs, pourquoi allait-il à Azuria ? Finalement, il ne le savait pas, mais il fallait bien aller quelque part. Pour lui, le souterrain était surtout un moyen d'éviter la foule et de marcher calmement. Ce n'était pas comme si il était surpeuplé. Tant mieux pour lui. D'autant qu'aujourd'hui, en cet instant, le monde lui paraissait vraiment morose. Vraiment inintéressant. Tellement ennuyeux... Ou peut-être était-ce juste dû au soleil qui venait de se cacher derrière les nuages, privant la ville de Carmin sur mer de ses rayons lumineux. L'accès semblait légèrement éloigné de la ville, aussi prit-il la direction du nord. Une fois sortie de la ville, il ne tarda pas à trouver le début du tunnel. L'intérieur était assez sombre, mais on pouvait facilement apercevoir que des lumières jonchaient les murs du souterrain. Apparemment, il n'était pas très utilisé, les gens préférant souvent passer par Safrania, une grande ville agréable à visiter. Lui, n'en avait strictement rien à foutre de cette ville. Il était attiré par Azuria sans aucune raison particulière. Ce nom lui rappelait peut-être quelque chose. Alors qu'il allait entrer dans le souterrain, un violent coup de vent souffla, lui infligeant un terrible frisson. Il se retourna alors et regarda en direction de Carmin sur mer. Il se sentit soudainement très mal. Non pas qu'il se sentait bien au naturel, mais cette fois ci, il avait un sentiment désagréable plus fort que d'habitude. Il manquait quelque chose. Un sentiment de nostalgie l'envahit alors et regardant derrière lui, il remarqua ce qui n'allait pas. Riolu n'était pas là. Il ne serait plus jamais là. C'était le choix qu'il avait fait, mais malgré tout, c'était douloureux. C'était la dernière chose qui lui restait à faire dans ce monde. S'assurer que ce Riolu aurait une vie meilleure. Et avec lui, ça aurait été impossible. Car il n'avait pas l'envie de vivre. L'envie de se battre. Il baissa la tête et regarda encore une fois là où le petit pokémon aurait dû se tenir. Mais il n'était pas là. Il ne serait plus jamais là.

"- Adieu Riolu..."

Chassant ces pensées de son esprit, Haiko pénétra dans le souterrain.

Et c'est ainsi qu'à leur arrivée à Kanto, Haiko et Riolu se séparèrent. C'est sur cette douloureuse séparation que s'achèvent leurs aventures à Carmin sur mer...