[Terminé]Embrasement

Les trois pokémons ne mirent pas longtemps avant de donner leur réponse, et celle ci était positive. Deux d'entre eux entrèrent immédiatement dans leurs pokéballs. Le dernier, celui que je voulais intégrer à mon équipe, n'entra pas tout de suite. Non, il me lança un regard étrange que j'avais du mal à comprendre. Après un instant de réflexion, je finis par en deviner la signification. Il voulait qu'on se batte pour que sa capture soit officielle. Il me lançait un défi. Malheureusement pour lui, je n'étais pas du genre à perdre mon temps avec ce genre de chose. D'autant qu'il entra juste après dans sa pokéball. Parfait, ça, c'était réglé. Je ramassais les trois pokéballs que je rangeais dans ma poche quand une voix s'éleva derrière moi.

- Et bien, quel pokémon traditionaliste.

Me retournant, j'aperçus un vieillard que je connaissais déjà. En effet, il m'avait "aidé" quelques minutes auparavant lorsque les habitants de Safrania voulait me reprendre le Rondoudou. Je pouvais le remercier, grâce à lui, j'avais pu échapper à cette foule qui me poursuivait. Toutefois, j'ignorai complètement le vieil homme pour me concentrer sur quelque chose de capital: mes pokéballs. En effet, j'en avais acheté environ cinq ce matin, et 4 étaient déjà utilisées. Cette simple pensée me déprima. Baissant la tête, Riolu, lui, m'adressa un grand sourire. Bien, il fallait que je décide de notre prochaine destination. Un simple coup d’œil à la carte suffit pour me décider. Enfin, ça aurait été le cas si j'avais eu une carte. Scrutant les alentours, je remarquais un panneau indicateur pointant vers l'ouest et qui signalait la ville de Céladopole. Montrant le panneau, je fis signe à Riolu que nous allions partir vers cette ville. Mais alors que nous reprenions la route, le vieil homme donna quelques coups de cannes sur le sol afin d'attirer mon attention. Je me retournai pour lui faire face. Il attendait quelque chose de moi, ça s'était certain. Mais je n'avais pas de temps à perdre avec un vieillard.

- Que me voulez-vous ? C'est le Rondoudou qui vous intéresse ?

Bien entendu, si tel était le cas, il n'était pas près de le récupérer. J'en avais bien trop besoin pour le lui laisser. Mais il ne semblait pas intéressé par le pokémon, bien qu'il ait promis à toutes les personnes du parc qu'il allait s'occuper de cette histoire.

- Ne t'inquiètes pas, le Rondoudou ne m'intéresse pas. Dis moi gamin, tu vas bien à Céladopole ? Cela t'ennuierait-il d'escorter un vieil homme jusque là-bas ?

Gamin ? Pour qui se prenait-il ce vieux ? Certes, j'étais plus jeune que lui, mais ce n'est pas comme si j'attendais quoique ce soit de sa part qui nécessite qu'il m'appelle gamin, comme si j'étais son élève ou je ne sais quoi. Ensuite, oui, cela m'ennuierait énormément de me trimbaler un vieillard jusqu'à la prochaine ville. Il était hors de question que je m'encombre de ce genre de personne. Malheureusement, le bonhomme insistait. Il disait vouloir entendre mes explications à propos du Rondoudou car selon lui, en tant que doyen, il avait le droit de savoir. Putain de vieux...

- Je n'ai aucun compte à vous rendre. Sur ce, si vous voulez bien m'excuser.
- Ne sois pas aussi renfermé gamin ! Aller c'est parti, direction Céladopole ! Arg, mon dos...

En réalité, il se fichait complètement de mon avis. Le vieux avait déjà ses affaires dans un sac qu'il portait sur son dos et avait déjà commencé à me suivre. Je ne pouvais pas m'en débarrasser. Qu'importe ce que je pouvais dire, il était sourd dans ces moments là. Et je ne pouvais pas frapper un vieil homme. Et nous étions donc partit, moi, Riolu et le vieux. Cette histoire m'avait mis de mauvaise humeur. Je n'étais déjà pas souvent de bonne humeur, alors si en plus quelqu'un venait m'emmerder pendant ces moments là, je n'avais aucune chance de rester positif. A peine avait-on commencé à marcher que le vieux se présenta. C'était une bonne idée, le vieux n'étant pas un nom très flatteur et commode. Le type s’appelait Pascal. Âgé de 82ans, il était considéré comme un grand sage ici, à Safrania. Enfin, il connaissait énormément de choses sur les pokémons et dans cette ville, tout le monde le respectait. Cela expliquait en partie le fait qu'il ait pu arrêter les conflits lorsque j'ai emporté le Rondoudou. Nous allions quitter Safrania quand...

- Ah ! J'ai oublié de te dire que ma petite-fille vient avec nous ! Il faut qu'on passe la chercher. Tu verras, elle a 9ans, et elle est adorable. Allez en route gamin, sa maison est par là !

Si c'était une blague, j'allais avoir du mal à en rire. D'abord un vieux, et maintenant une gosse ? C'était hors de question. Je m'opposai immédiatement à l'idée d'entraîner une gamine avec nous, que ce soit sa petite-fille ou pas. Sérieusement, il me prenait pour un babysitteur ou quoi ? Même si je n'avais pas vraiment d'objectif, perdre mon temps avec ce genre de personnes m'irritait au plus haut point. Pascal me promit que j'aurais le droit à un café en arrivant chez son fils. La belle affaire. Je me fichais pas mal de son café. Complètement même. Mais bon, j'étais forcé d'accepté, en plus, nous étions déjà presque arrivé, je ne pouvais plus vraiment rebrousser chemin.

Modération:

Spoiler:

Finalement, je ne pus rien faire pour empêcher le vieux de m'emmener chez son fils. Nous arrivâmes devant une maison traditionnelle de style japonaise. J'étais bien obligé de reconnaître que c'était là une bien belle maison. M'enfin, qu'importe, je ne comptais pas y entrer de toute manière. J'avais assez perdu de temps comme cela. Tout du moins, je pensais en avoir assez perdu, mais le vieux allait faire en sorte que j'en perde d'avantage. En effet, après avoir sonné, ce dernier m'invita à entrer le premier lorsque son fils vint nous ouvrir. Son fils... Il semblait légèrement plus âgé que moi, d'une dizaine d'années sans doute. Nous suivîmes donc le fils, appelé Charles jusqu'au living-room. Un living-room bien traditionnel avec juste une petite table au milieu. Il y avait également un futon dans un coin de la pièce, endroit où quelqu'un avait sûrement dormit il y a peu. Le vieux me fit signe de m'installer et ordonna à son fils de me servir à boire. Il aurait sans doute mieux valu me demander si j'avais soif avant de me servir. Car en effet, je n'avais pas soif. Il était donc absurde de me servir à boire dans ces conditions. Finalement, je fus bien obligé de boire un café en restant silencieux. Charles semblait mal à l'aise, il attendait sans doute que je dise quelque chose. Mais je n'avais rien à dire. Je n'avais pas envie de lui parler. Je bus rapidement mon café avant de me lever pour me diriger vers la sortie. Malheureusement pour moi, le vieillard était rapide. Mais finalement, c'était juste moi qui avait mis du temps à boire mon café. Pascal avait désormais un gros sac sur son dos. J'avais presque pitié de lui. Un corps si fragile portant une charge si lourde... Mais bon, qu'il se démerde, je n'allais pas en plus lui portais ses bagages. A ses côtés se tenait sa petite-fille. Je lui lançai un regard, qui visiblement l'effraya, car elle se cacha immédiatement derrière son grand-père. Je ne savais vraiment pas y faire avec les enfants. La gamine portait également un sac, moins imposant que celui du vieux, et tenait un ours en peluche dans ses bras. Son doudou sans doute ? C'était bien un truc de gosse ça, se rattacher à une vulgaire peluche comme si c'était ce que l'on avait de plus précieux. Si je lui enlevais sa peluche, cette gamine se mettrait sans doute à pleurer, pensant que ce serait pour elle la fin du monde. Pitoyable fillette. Lorsque tu perdras tout, tu comprendras vraiment la valeur des choses. Un instant, pourquoi étais-je en train de m'énerver après cette gamine ? C'était normal pour un enfant innocent d'accorder de l'importance à son doudou. Voilà sans doute pourquoi je n'étais pas doué avec les enfants, je les détestais. Finalement, après une trentaine de minutes, nous sortîmes enfin de la maison de Charles. Le vieux posa alors une main sur mon épaule.

-Hum gamin, tu vois je vais à Céladopole pour vendre le contenu de mon sac, c'est des objets ayant une certaine valeur et je ne me sentais pas serein d'y aller seul, surtout avec ces histoires de vols et de crimes qu'on a pu entendre, c'est pour cela que je veux que tu viennes avec nous, je pense que tu peux bien faire ça non ?

Non, je ne peux pas. Voilà ce que j'avais envie de lui répondre. Seulement, il ne m'avait même pas laissé le temps de répondre. Il était déjà partit en direction de Céladopole. J'avais vraiment envie de partir. J'allais appeler Riolu pour que nous partions mais malheureusement, tournant la tête vers lui, je m'aperçus qu'il n'était pas là. Mais alors, où était-il ? Et bien il s'avère qu'il se trouvait en ce moment dans les bras de la gamine. Elle serrait mon pokémon comme si c'était un jouet, tandis que Riolu tenait son ours en peluche. Par ailleurs, ce dernier ne semblait pas dérangé par la situation, bien au contraire, il aimait se faire câliner. Et bien entendu, ce n'était pas mon style. Nous étions donc partit, direction Céladopole. Je marchais aux côtés du vieux silencieusement, tentant de retenir ma colère. La fillette marchait gaiement devant nous, sautillant dans tous les sens aux côtés de Riolu, et agitant son ours en peluche dans les airs. Le vieux prit encore la parole. La fillette s'appelait Alice, âgée de 9ans, elle allait encore à l'école primaire. Il m'explique qu'Alice avait perdu sa mère très jeune, à l'âge de 5ans, et qu'elle n'en a que peu de souvenirs. Son père a tout fait pour surmonter cette rude épreuve et parvient à l'élever encore aujourd'hui, bien que ce soit difficile. Je me sentis alors extrêmement coupable. Car entendre cette histoire me rendait bien plus heureux que triste. J'étais soulagé de voir que je n'étais pas le seul à souffrir. Je n'étais pas le seul à avoir perdu quelque chose de très important. Mais eux, ils n'étaient pas seul. Moi, par définition, je ne pouvais être entouré de personnes pour me soutenir. Finalement, à la sortie de Safrania, nous décidâmes de faire une pause. D'ailleurs, Pascal était stupide. Pourquoi avions-nous pris la route en soirée ? Heureusement, l'excitation de la gamine semblait la maintenir éveillé. Il devait être 20h30, et aucun de nous n'avait mangé. Voilà pourquoi nous nous étions arrêtés sous un arbre.

- Ah, mince ! J'ai oublié quelque chose à la maison ! Ne bougez pas, je reviens tout de suite !

Le vieux se leva d'un coup, laissa son sac près de l'arbre, et se mit à courir en direction de Safrania. Etait-il vraiment obligé d'y retourner cet idiot là ? Me voilà donc seul avec Alice. La fillette fouilla dans son petit sac et en sortit un paquet de chips ainsi qu'un sandwich. Elle se mit alors à manger silencieusement. Moi, je m'aperçus alors que je n'avais rien à mangé. Ben qu'importe, j'étais habitué à sauter des repas, c'est d'ailleurs pour cela que j'étais plutôt maigre. Riolu, lui, s'approcha de la fillette avec une expression voulant tout dire. S'il souhaitait réclamer, autant qu'il le fasse. Mais je n'étais pas le genre de dresseur qui apprenait les bonnes manières à son pokémon. Je n'étais même pas un dresseur d'ailleurs. Je m'adossais contre le tronc de l'arbre et levai les yeux vers le ciel. La lune commençait déjà à dominer les cieux. Formidable... Les étoiles envoyaient leur lumière dans mes yeux sombre. Finalement, j'étais un peu fatigué. Cela me faisait penser qu'il fallait encore que je test le Rondoudou que j'avais capturer aujourd'hui. J'étais assez pressé, mais dans ces conditions, je ne pouvais rien faire. J'étais vraiment tenté de partir, mais je ne pouvais pas laissé la fillette toute seule ici au milieu de la nuit. En parlant d'elle justement, elle s'approcha de moi, et me tendit son ours en peluche.

- Je te présente Teddy !

Voilà ce qu'elle me dit. Me criant dans les oreilles et agitant son ours en peluche devant moi. Super, qu'est-ce qu'elle attendait de moi ?

- C'est... C'est un bel ours...
- Dis bonjour à Teddy !

J'en avais déjà plus qu'assez de cette gamine. Qu'est-ce que j'en avais à foutre de son ours en peluche ? Et puis, lui dire...bonjour ? C'était une des raisons pour laquelle je détestais les enfants, ils étaient incompréhensibles. J'allais utiliser ma tactique habituelle, à savoir prendre une cigarette et la fumer devant le gosse en question. Malheureusement, je n'avais plus de cigarette. La faute à l'autre type qui m'avait agressé ce matin... La fillette continuait d'agiter son ours en peluche devant moi, elle m'énervait... Et elle insistait en plus... Si bien que je finis par craquer.

- Arrête d'agiter celle saloperie d'ourson fichue gamine !

D'un revers de la main, je donnai un coup dans l'ours qui voltigea un peu plus loin dans l'herbe, et lançai un regard sévère à la gamine. Cette dernière fût assez surprise. Elle s'immobilisa et me regarda. Riolu s'élança pour récupérer l'ourson. Soudain, la lune illumina le visage d'Alice. Et ce fût le choc. Devant moi, les larmes aux yeux, se tenait une fillette qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à... Elle lui ressemblait vraiment. En plus jeune bien évidemment, mais elle ressemblait à Juliette lorsque je l'avais rencontré à l'orphelinat. J'étais choqué, incapable de faire quoique ce soit. La gamine était sur le point de pleurer lorsque Riolu lui ramena son ourson. De la voir comme ça m'énerva excessivement. Pourquoi lui ressemblait-elle autant ? Riolu me regarda et commença à me crier dessus. Je l'ignorai complètement, reportant mon regard sur la gamine qui semblait attendre quelque chose de moi. Au même moment, le vieux rappliqua. Les larmes qu'elle avait au coin des yeux ne semblaient pas vouloir couler. C'était malheureux, mais rien que la regarder était une souffrance. Elle me rappelait trop l'orphelinat, et tout ce que j'avais perdu. Elle commença à tendre de nouveau son ours vers moi. Elle était déterminée. Pascal arriva et lui mit une main sur l'épaule, faisant signe "non" de la tête. Il ne me restait plus qu'à clore cette petite altercation. Plongeant mon regard dans celui de la fillette, je déclarai sèchement:

- Ne m'adresse plus la parole. Je n'ai vraiment pas envie de te parler. Bonne nuit.

Me retournant, je m’allongeai sur le côté et fermai les yeux, tentant d'oublier tout ce qui venait de se passer...

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