Nouvelle étape

       Techniquement, vu la forme physique instable et critique du Luxio, le match touchait à sa fin, enfin ... Je vois ma dragonne bomber le torse, prête à asséner le coup final à son ennemi électrique, celui auquel elle avait précédemment rayé le visage d'une vilaine dracogriffe que le lion n'avait pas eu le temps d'oublier, rancunier comme il l'est.

Une lueur animale anime encore les yeux de l'adversaire, il bouillonne de rage malgré sa forme hautement réduite. Ses réflexes instinctifs suite à l'ingurgitation de ces pilules sont réellement incroyables. Ce qui l’est encore plus c'est lorsque ses deux prunelles croisent les miennes. Un frisson parcourt avidement ma nuque, descendant dans mon dos pour m'arracher un soupir convulsif. Seulement, je ne suis pas au bout de mes frayeurs, loin de là... L'animal se met à charger, tête la première, j'ai juste le temps de remarquer qu'il ne se dirige pas du tout vers son adversaire pokémon, mais sur moi-même.

Affolée, je commence à reculer sur un bon mètre, mes pas trébuchant à moitié sur les gravillons derrière moi. Je n'ai malheureusement pas le temps de faire le moindre geste, le Luxio se rapproche à vive allure, trop vite ... Mon regard se pose sur ma dragonne tandis que je recule encore et toujours, elle semble trop bouleversée pour faire quoi que ce soit. Je pose mes yeux sur Arkan, obsédé par son combat, j'ouvre la bouche pour hurler son nom mais aucun son n'en sort. L'animal vient me bondir dessus, appuyant un de ses antérieur sur mon ventre, me coupant la respiration l'espace d'une seconde. Je sens son haleine chaude et fétide se rapprocher avidement de mon cou dénudé, sans défense valable, je serre les dents et tente de me débattre mais en vain, le pokémon est bien trop lourd et abat l'ensemble de son poids pour pouvoir m'achever. J'hurle de peur de voir mes dernières secondes s'écouler.

Le plus improbable arriva pourtant. Les yeux toujours fermés, je ne parvenais plus a esquisser le moindre geste, paralysée par la peur. Seulement, le moment fatidique ou les crocs du lion devaient se refermer sur ma gorge ne survint pas. D'abord interloquée, je sens que la pression me libère d'un coup d'un seul et qu'une violente brise s'abat sur nous. Je me redresse aussitôt, juste à temps pour apercevoir ... Shizuo.

Mon regard reste braqué sur mon pokémon perdu. J'ai le cœur qui bat la chamade pourtant, tombant à genoux et les bras battants, je n'ai pas la force de faire le moindre geste. Mon expression demeure indéchiffrable, je suis toujours bouche bée, choquée. Des larmes perlent pourtant librement des mes yeux, s'abattant sur le sol. Je ne les retient pas, ne pouvant quitter des yeux mon Zoroark qui vient de me sauver la vie. Le luxio repose à côté de lui, son état critique n'a apparemment pas su encaisser l'assaut de mon pokémon ténèbres. Il n'a jamais été expressif au niveau affectif, jamais. Je m'en suis contentée mais cette fois-ci, je ne contrôle plus mon corps et ce que mon cœur me dit de faire. J'obtempère simplement et me jette au cou de Shizuo, tout d'abord surprit, je sens qu'il se retient de faire un bond en arrière, mais connaissant mon état actuel plus que pitoyable, il détend ses muscles. Je me demande même si je ne sens pas ses bras entourer ma taille pour me consoler. Un geste protecteur, il joue bien plus qu'un simple ami pokémon à mes yeux. Je laisse un sanglot affluer et ne cherche pas a le retenir, toutes ces émotions depuis deux-trois jours m'ont réellement bouleversée.

Shizuo finit par redresser la tête, je l'imite et mon regard suit la direction du sien. Nous marchons tout droit vers Arkan, en pleur lui aussi. Au pied de la défunte rangeur. Seul. Et je me dit qu'il en a besoin. C'est pour cela que je finis par m'affaler lourdement au sol, en tailleur. Une expression de tristesse sur le visage, compatissant avec ce qu'Arkan devait endurer. Eywa me rejoins, penaude. Je lui ébouriffe le sommet du crâne en tâchant de sourire et l'attire contre moi pour la cajoler. La petite dragonne se blottit entre mes bras et je laisse tomber ma tête entre mes mains, me rendant ensuite compte que le Luxio m'a laissé une vilaine entaille dans le bas droit du cou. Cela me pique mais rien de bien grave, une cicatrice en devenir...



Merci d'avance Thélos !

Tandis que vous vous approchez du ranger à terre, ce dernier se relève, pâle mais solide sur ses jambes. Il vous regarde un moment, semblant vouloir dire quelque chose, mais peine bien trop. Il se tourne vers Mackogneur et Galopa, qui eux aussi ont l'air touchés, et s'avance vers des arbres autour de la clairière. Vous ne pouvez qu'assister à tout cela, car c'est sur le dos de son Pokemon que vous êtes venue et vous ne pourriez retrouver la ville du sol. Au moins, Zoroark est à vos côtés maintenant.

Mackogneur s'approche d'un grand pin et en quelques coups de Dynamopoing, attaque sévèrement le tronc pour faire chuter le résineux. Aidé de son Rangeur, le Pokemon Colosse porte l'arbre jusqu'au centre de la clairière et ils retournent recommencer le manège ailleurs. Pendant ce temps, la voix de votre goupil sombre retentit dans votre esprit. Une illusion auditive à ne pas douter. Il vous explique alors qu'il est navré d'avoir du partir mais qu'un impératif s'offrait à lui désormais qu'il était adulte. Sa race si fragile et si rare se meurt, et il était parti féconder une femelle qui puisse porter sa progéniture et assurer la survie de sa race. En effet, argumentait Zoroark, il n'était pas certain de survivre contre la meute et espérait arriver à temps pour vous sauver.

Le temps que vous discutiez un peu, vous vous rendez compte que la clairière s'orne déjà d'un tas de bois très respectable. Le sens de cette macabre cérémonie vous apparaît alors peut être plus évident. Arkan soulève avec une délicatesse infinie la femme au sol et la pose sur le bucher funèbre. Là, Galopa y met le feu et rapidement de hautes et puissantes flammes rouges s'élèvent, dévorant les corps de Magmar et de la Rangeur en une vive lueur dans le couchant. Aucun bruit ne filtre, si ce n'est le craquement du bois.

Ce n'est qu'une fois qu'il ne reste rien des deux corps qu'Arkan sort de son immobilité et de son mutisme. Il se tourne vers vous et fait revenir Galopa et Mackogneur dans leurs Pokeball avant de s'approcher à pas lents et fatigués.

-Elle s'appelait Ève. C'était ma femme.

Il ne prononcera pas un seul mot de plus. L'homme défait refait venir Yanmega et grimpe dessus. Une fois que vous êtes installés, l'insecte s'envole en vrombissant et vous regagnez le quartier général des Rangeurs. Là, l'insecte se pose sur le toit avant de repartir dès que vous le quittez. Arkan descend et se perd dans le bâtiment sans vous jeter un seul regard, pâle et brisé. Ce n'est qu'une demie heure plus tard que vous aurez un signe de présence : Le supérieur avec qui il discutait dans le Centre Pokemon s'approche de vous, le visage triste.

-Bonsoir jeune femme. Arkan m'a tout raconté... quelle tragédie. Il m'a aussi parlé de toi et de tes prouesses... dis moi, est ce que tu voudrais devenir une Rangeur ? Tu remplirais quelques missions pour nous mais tu serais libre de vagabonder où bon te semble. La seule chose que nous t'imposerions est de ne jamais contraindre un Pokemon. Qu'en dis tu ?

Thelos Aeterna

       Mon index ne cessait d'effleurer le long de ma blessure, dans le bas droit de mon cou. Une longue et assez profonde entaille zébrait la peau nue, provenant des griffes aiguisées d'un Luxio enragé et, désormais hors combat. De nombreuses images où l'animal électrique chargeait droit sur moi ne faisaient qu'affluer dans mon esprit, avec des relents de peur et d'angoisse. Ces dernières 72h ont été très riches en émotions.. pas tellement d'un point de vue positif. Je finis par soupirer, desserrant la prise de mes mains au niveau de mes genoux, jambes repliées contre ma poitrine. Je suis si lasse, triste, épuisée, soulagée mais pourtant coupable. J'ai réellement du mal à décrypter correctement ce que je ressens en ce moment même.

Aussi raide qu'un bout de bois, je parviens pourtant à me rétablir sur mes pieds, me rapprochant ainsi d'Arkan qui n'a toujours pas prononcé le moindre mot. Un nœud se ferme dans ma gorge sèche tandis qu'il se relève et tourne son buste vers moi, comme pour me dire quelques chose. Seulement, son regard dérobant m'indique que son état intérieur est au bord de l'explosion. J'ai même l'impression de ressentir le flot d'émotion émaner de lui. Une profonde et infinie tristesse ... Il finit par réellement baisser les yeux sur le côté, m'indiquant d'un signe de la main le Yanméga, visiblement sur pied depuis l'attaque surprise des lions. Je grimpe sur l'insecte volant sans faire d'histoire, accompagnée de mon renard bipède tout en prenant soin de rappeler mes deux pokémons feu et dragon dans leurs pokéballs. Cependant, aucun sourire ne cherche à s’immiscer sur mes traits. Pourquoi serait-ce le cas après tout cela ? Je demeure triste, une expression fade et au bord des larmes. Mon regard se dirige lentement vers le Mackogneur du rangeur qui cherche à tailler des troncs d'arbres pour les fendre, sous le regard de son rangeur. Mais.. Pourquoi fait-il cela ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas.


Je ne peux m'empêcher de frissonner. Je sais, je devrais m'y habituer mais c'est tellement étrange. Il me faudra sûrement du temps avant d'admettre que Shizuo est doué d'illusion qui lui permettent de me parler. Cependant .. Il ne l'a jamais fait lorsqu'il n'était encore qu'un Zorua, pourquoi donc ? Je me mords la lèvre inférieure afin de faire taire ces pensées muettes et me concentrer sur ce qu'avait à me dire mon ami.

« Je tenais tout d'abord à m'excuser, il baissa les yeux l'espace d'une seconde et finit par porter son regard au loin, je t'ai abandonnée dans un moment critique et je n'aurai peut-être pas du. Je me suis fait la promesse de veiller sur toi et de te protéger et voyez ce qu'il se passe ? Je trouve le moyen de te quitter quand il ne le faut pas. Tu as faillis y passer, tu dois constamment demeurer sur le qui-vive. Le monde n'est pas si florissant et innocent qu'il n'y parait, Ayaline. Il insista lourdement sur ses dernières paroles tandis que son regard rouge luisait de milles feux, il marqua une courte pause, c'est pour cette raison que je dois assurer la descendance des miens, et faire en sorte que ma progéniture puisse s'épanouir et s'élargir d'autant plus. »

C'était donc cela la véritable raison de son départ précipité .. Quelque part, cela me rassurait, un immense poids se libéra de mes frêles épaules. Il ne m'avait donc pas quittée pour ne bon, n'avait pas non plus ingurgité d'affreuses pilules, mon Shizuo est désormais en face de moi, vivant... Les larmes me montent aux yeux tandis qu'un infime sourire germe au coin de mes lèvres. Je suis si contente de l'avoir retrouvé même si je n'ai qu'une envie: l'assaillir de questions ! Je me retiens tout de même, tout comme de lui sauter dans les bras. Je hoche la tête pour lui signifier que tout cela est réglé.

Cependant, au delà de mes joyeuses retrouvailles se trouve un bien triste scénario. Je me rembrunis et perds cette gaieté éphémère rien qu'en apercevant le regard vide et endeuillé d'Arkan. Ce dernier ferme lentement les yeux tandis que j'aperçois le colosse de type combat se reculer après avoir déposé un tronc au sol. Ils venaient d'empiler un épais tas de bois.. Qu'est-ce donc ? C'est lorsque le rangeur s'accroupit pour soulever avec une tendresse déconcertante le corps de la femme qui gisait que la funeste réalité me frappe de plein fouet. Je réprime un haut le cœur tellement l'émotion mêlée à du dégoût s'empare de mes sens, je plaque vivement la main contre ma bouche, fermant les yeux pour me calmer et ne pas assister à cette lugubre cérémonie. Mes yeux se plissent plus fort lorsque j'entends les crépitements claquants du feu ronger le bois. C'est ma faute tout est de mon faut, je suis responsable de leurs morts.

Un affreux nœud de culpabilité m'envahit, serrant ma poitrine jusqu'à que de grosses larmes viennent empourprer ma vision, puis s'écraser sur mes joues. Je les laisses faire, n'essayant même pas de renifler de peur d'interrompre le silence régnant. Je tourne la tête et baisse les yeux, fixant le sol où l'herbe était aplatie, signifiant implicitement un rude combat. Si je n'aurai pas mis les pieds dans ce bâtiment et demander de l'aide à ce gens, jamais nous nous ne serions rendu ici, jamais les Luxray n'auraient dévoré cette femme, si chère aux yeux d'Arkan. Une mort ? Et pourquoi ? Pour les supplications d'une gamine ayant perdu son pokémon ... Je me maudis de faire subir cette souffrance à Arkan.

Le rangeur finit par faire volte-face et emboîte un pas fatigué en ma direction, les traits crispés, signe qu'il n'avait laissé libre court à ses sentiments. Il rappelle ses deux pokémons dans leurs pokéballs et pose son regard sur moi.

« Elle s'appelait Ève. C'était ma femme. »

Le nœud qui s'était formé dans ma gorge ne fit que redoubler et mon estomac fit un bond. Non ... Pitié, pas ça ... Mon visage se décompose lentement tandis que je cherche à ouvrir la bouche pour m'excuser sincèrement. Malheureusement, j'ai beau essayer, aucun sons n'en sors, seul un léger "Je" parvient à s'échapper. Le "suis désolée" reste sur le bout de ma langue, ne réussissant pas à se frayer un chemin tellement ma gorge et ma poitrine sont compressés. Je baisse la tête et finit par sortir la phrase en entier, mais de façon presque inaudible, fermant les yeux.


Yanmega se pose sur le centre pokémon dans un vrombissement quasiment deux fois plus conséquent que lors du voyage, qui lui, s'est d'ailleurs réalisé dans un silence le plus total. Une fois attéris, le'insecte s'envole aussitôt et Arkan part comme une flèche, enfin, une lente flèche à travers les couloir du bâtiments, ne m'attendant pas. Comme lui en vouloir ? Il pourrait commettre les pires crimes envers moi que je ne pourrai avoir de la rancœur envers lui tellement la culpabilité me ronge. Shizuo me rejoint et reste silencieux lui aussi, il m'indique de quitter le toit et j'obtempère, passant par les interminables couloirs jusqu'à débouler dans le hall. Je m'assois avec lassitude sur un mince fauteuil en rotin, les yeux fixant mes pieds. Je ne s'avait qu faire, d'une côté j'aimerai revoir Arkan et m'excuser de nouveau mais .. Cela me semble déplacé et irrespectueux. Cependant, je ne peux m'enfuir comme une voleuse et m'en vouloir.
Des bruits de pas ainsi qu'une ombre venant se placer sur mon champ de vision me fit lever la tête, mon regard s'assombri lorsque je découvris le visage du deuxième rangeur du centre pokémon.

« Bonsoir jeune femme. Arkan m'a tout raconté... quelle tragédie. Il m'a aussi parlé de toi et de tes prouesses... dis moi, est ce que tu voudrais devenir une Rangeur ? Tu remplirais quelques missions pour nous mais tu serais libre de vagabonder où bon te semble. La seule chose que nous t'imposerions est de ne jamais contraindre un Pokemon. Qu'en dis tu ? »

Devenir un rangeur ...? Je demeure hébétée l'espace d'un instant, incapable de m'assurer qu'il s'agisse réellement d'une opportunité ou bien d'un délire du au manque de sommeil. Je suis tellement vannée que je me pousse à opter pour la première. Comment ce vieil homme pouvait-il confier une telle occasion à une meurtrière dans mon genre ? La pensée d’Ève fit naître de nouvelles larmes aux coins de ses yeux.
Un rangeur aide les pokémons, il contribue au bon fonctionnement de notre environnement, qu'il s'agisse de la faune ou de la flore ... Pourrais-je sauver à mon tour ? Rendre la pareille aux pokémons qui me suivent aujourd'hui et m'ont permit de tenir bon ? Lorsque je regarde Shizuo, ce renard qui m'a sauvé de cet orphelinat, m'a tiré des griffes de ces enfants qui me détruisaient. Que serais-je à cette heure-ci sans lui ?  Qu'aurais-je fait sans ma Coupenotte et mon Zaru pour me défendre, me soutenir ? Qui serais-je aujourd'hui sans mes pokémons ? ... Un frisson parcourt lentement le long de mon dos tandis que je continue à fixer le sol. Je dois leur rendre la pareille, ainsi qu'à tous, à tous les pokémons qui peuplent ce monde. Je pourrai même contribuer au développement des Zoroak et aider Shizuo. J'enfonce mes ongles dans la peau de ma main. Je ne pourrai plus jamais regarder Arkan droit dans les yeux désormais. Me battre pour la même cause que lui, en tant que rangeur pokémon ne pourrait que m'aider à parvenir à réaliser son but, celui de tous ceux comme lui: une harmonie parfaite en ce monde. Peut-être que je pourrais me racheter un jour, même s'il y a peu d'espoirs. Je veux rembourser mes dettes. Où va ma vie en ce jour ? Où est-ce que je compte la mener ? J'ai n'ai aucun but aujourd'hui même. C'est une noble cause, un noble esprit et une noble communauté.

« Je ne te presses pas, jeune demoiselle. Tu possèdes du temps qu'il te faudra, c'est une chose qui demande une grande réflexion. Cependant, j'ai comme l'impression que tu ne cesse d'argumenter intérieurement. Quoi qu'il en soit, voici un communicateur, il te permettra de me joindre à tout moment. »

L'homme me tendit une sorte de talki-walki, le même que celui d'Arkan. Je le saisis et le fourre aussitôt dans mon sac. Levant sur mon interlocuteur une paire d'yeux luisante d'émotion, mais cette fois-ci, un sourire illumina mon visage, certes, empli de tristesse mais de la reconnaissance l’enivrait.

« Cela peut paraître absurde mais je ne sais comment vous remercier de me donner la possibilité d'avoir un but dans la vie... J'accepte votre proposition. »

Spoiler:

Total : +2000p$ +Rangeur